Une bulle spéculative est une situation dans laquelle le prix des outils financiers (titres et actions entre autres) a augmenté au point de dépasser une évaluation raisonnable et durable.
C'est :
Le terme "spéculative" vient du nom féminin "spéculation". La définition qu'en donne le dictionnaire Le Larousse est la suivante :
Opération consistant à acheter un bien en vue de réaliser un bénéfice de sa revente ultérieure.
Et de plus en plus d'investisseurs sont susceptibles d'acheter. L'entrée sur le marché des investisseurs est poussée par un paradigme commun : "tout le monde" pense que les prix vont continuer à augmenter.
Les prix chutent encore plus vite qu'ils n'ont augmenté. Car "tout le monde" se précipite pour vendre en même temps. Ce qui entraîne de fait des pertes importantes et généralisées.
La tulipomanie en Europe dans les années 1630 est considérée comme la première bulle spéculative. La crise de 1929 est aussi une référence en terme de bulle spéculative. Deux bulles que nous allons aborder en détails plus loin dans cette page.
Une évolution en dent de scie. Au contraire de l'économie qui, elle, progresse de manière plus lissée, plus cyclique, plus courbée. Ceci est vrai tant pour l'économie dans son entier que pour des secteurs spécifiques.
Du coup, quand les marchés financiers s'éloignent de la tendance moyenne :
Evolution des marchés de bulles en éclatements autour d'une croissance de fond
Toujours. Et bien souvent, le krach est plus intense que la hausse qui l'a précédée. Ceci est dû à la nature humaine. Car l'Homme panique et abandonne ses croyances plus vite qu'il ne les fonde.
Ainsi, en finance, quelques jours suffisent pour détruire un château construit en plusieurs décennies.
La définition que donne le dictionnaire le Larousse d'une bulle financière :
Hausse du cours d'une ou plusieurs grandeurs financières (titres, devises, indices), liée aux anticipations spéculatives et aux comportements mimétiques des investisseurs sur les marchés.
Et celle qu'il donne d'une bulle spéculative :
Ecart anormal, positif ou négatif, entre le prix d'un actif et son cours théorique, susceptible d'entrainer des spéculations.
On le voit avec ces deux définitions, il n'y a pas de différence entre ces deux concepts. Bulle financière et bulle spéculative sont des synonymes.
Une bulle a une forme caractéristique.
Le professeur Jean-Paul Rodrigue de l'Hofstra University (New York) définit les 4 phases d'une bulle :
Certains investisseurs se rendent compte de l'apparition d'une opportunité. Celle-ci vient de la conviction qu'un actif financier va s'apprécier fortement dans le futur.
Cette catégorie d'investisseurs a tendance à avoir un meilleur accès à l'information. Ainsi qu'une plus grande capacité à comprendre le contexte économique plus large qui déclencherait l'inflation des actifs. Les prix augmentent progressivement. Mais souvent de manière totalement inaperçue par la population générale. Des positions de plus en plus importantes sont établies. Et ce à mesure que les investisseurs avisés comprennent que cette classe d'actifs est susceptible de connaître des valorisations importantes à l'avenir.
De nombreux investisseurs commencent à remarquer l'élan. Apportant ainsi de l'argent supplémentaire et poussant les prix à la hausse. Il peut y avoir une phase de vente de courte durée alors que quelques investisseurs encaissent leurs premiers bénéfices. Il peut aussi y avoir plusieurs phases de vente, chacune commençant à un niveau plus élevé que la précédente.
L'argent intelligent, c'est-à-dire l'investissement sûr de la première phase, profite de cette occasion pour renforcer ses positions existantes. De plus, dans les derniers stades de cette phase, les médias commencent à publier des reportages positifs sur la façon dont ce nouveau boom profite à l'économie en "créant" de la richesse. Les investisseurs deviennent aussi de moins en moins "sophistiqués".
En fin de compte, tout le monde remarque que les prix montent. Et le public se jette sur cette "opportunité d'investissement d'une vie".
Les attentes concernant l'appréciation future deviennent une évidence. Par conséquent, les prix futurs sont une extrapolation de l'appréciation passée des prix. Ce qui va bien sûr à l'encontre de toute sagesse conventionnelle.
Des flots d'argent arrivent. Créant des attentes encore plus grandes et poussant les prix à des niveaux stratosphériques. Plus le prix est élevé, plus les investissements affluent.
Les investisseurs intelligents ainsi que de nombreux investisseurs institutionnels se retirent discrètement. Ils vendent. Pris dans cette frénésie, le grand public ne s'en aperçoit pas.
Car de nombreux acteurs sont lourdement investis et ont tout intérêt à maintenir l'inflation des actifs. Le marché devient progressivement plus exubérant à mesure que des "fortunes de papier" sont constituées par des "investisseurs" réguliers. Et la cupidité s'installe.
Tout le monde essaie de se lancer. Or, les nouveaux arrivants ne comprennent absolument pas le marché, sa dynamique et ses fondamentaux. Les prix sont surenchéris par tous les moyens financiers possibles. En particulier par l'effet de levier et l'endettement.
Elle durera bien plus longtemps que ne le prévoient de nombreux observateurs. Discréditant ainsi de nombreuses évaluations rationnelles selon lesquelles la situation n'est pas viable. À un moment donné, des déclarations sont faites sur des fondamentaux entièrement nouveaux, impliquant qu'un "plateau élevé permanent" a été atteint pour justifier les futures augmentations de prix. La bulle est sur le point de s'effondrer.
Un moment d'épiphanie (un déclencheur) arrive. Et tout le monde, à peu près au même moment, se rend compte que la situation a changé.
La confiance et les attentes connaissent un changement de paradigme. Non sans une phase de déni où beaucoup tentent de rassurer le public en lui disant qu'il ne s'agit que d'un revers temporaire. Certains sont dupes, mais pas pour longtemps.
Tout le monde s'attend à de nouvelles baisses de prix. Le château de cartes s'effondre sous son propre poids. Et les retardataires (généralement le grand public) se retrouvent avec des actifs qui se déprécient alors que les investisseurs avisés se sont retirés il y a longtemps.
Les prix s'effondrent à un rythme beaucoup plus rapide que celui qui a gonflé la bulle. De nombreux propriétaires d'actifs surendettés font faillite, déclenchant de nouvelles vagues de ventes.
Ce qui implique une importante opportunité d'achat. Toutefois, à ce stade, le grand public considère ce secteur comme "le pire investissement que l'on puisse faire". C'est le moment où l'argent intelligent commence à acquérir des actifs à bas prix.
C'est, en tout cas, le conseil que vous donnerait Clément Bourdy, L'Investisseur de Crise. Cet expert en bourse préconise de profiter de ces vagues baissières pour se positionner sur des valeurs quand elles sont basses.
Comme je l'ai précédemment souligné, les marchés boursiers avancent de bulles en éclatements.
Il y a une tendance de fond. Et les marchés évoluent
Dans les deux cas, aucune explication ni justification rationnelles ne peuvent être proposées. Il s'agit d'irrationalité.
Malgré cela, malgré cette irrationalité, les marchés boursiers ne font que monter, dans leur tendance de fond. Ils croissent naturellement avec l’économie.
La première image qui vient en visionnant ce graphique est plutôt angoissante.
Celle d’une voiture (notre économie) lancée à pleine vitesse, le moteur hurlant à 8000 tours/minute, baignée dans une odeur de plastique chaud et de gomme de pneus fondus. Nous, écrasant toujours plus l’accélérateur.
Regardez comme ça a monté.
Et depuis 2008 ? Un Everest de hausse et de spéculation. Des évolutions 625x plus importantes.
Lorsqu’ils sont créés, les indices ont un certain nombre de points de base.
Par exemple,
Ensuite, ils ne sont pas remis à zéro. Ils sont laissés à leur propre sort. Or, comme le système repose sur la croissance, les marchés augmentent naturellement et suivent la tendance de fond.
Ce qu’on faisait parfois difficilement en une journée en 1896, on le fait aujourd’hui en une seconde. Et pourtant, en valeur “financière”, un point a la même valeur, la même capitalisation, peu importe l’époque.
Pour pallier à ce problème et rendre aux grands événements boursiers passés leurs bonnes proportions, il y a la représentation logarithmique.
Elle permet de retranscrire un graphique en points de pourcentage (évolution relative) et non en points (évolution absolue).
De fait, elle permet de mettre en perspective les conclusions hâtives tirées du premier graphique.
Et elle nous révèle enfin clairement les bulles spéculatives plus récentes.
La tulipomanie est généralement l'une des premières bulles spéculatives mentionnées dans l'histoire économique :
A l'époque, les bulbes de tulipe faisaient l'objet de spéculation.
Le bulbe de tulipe atteint des prix inimaginables lors de cette bulle. Il touche le million d'euros (ramené au pouvoir d'achat actuel).
Mais si vous espérez le revendre pour 2 millions à un autre acheteur. Cela devenir un investissement rationnel.
C'est ce qu'on appelle la théorie du "Greater fool", le plus grand fou.
L'évolution positive des prix au fil des ans a stimulé les spéculations. Et donc les prix. La bulle spéculative a éclaté en février 1637. Les prix ont alors immédiatement chuté.
Clément Bourdy parle plus en détail de cet événement majeur dans son article : Tulipomanie : un bulbe du tulipe au prix d'une maison.
Pourquoi aborder le thème de la crise de 1929 dans une page dédiée à la bulle spéculative ? 1929, dans la croyance collective, étant plutôt la référence des krachs. Mais c'est là que le bât blesse:
Ce qui revient, du coup, à passer à côté de la moitié de l'histoire.
Car, en réalité, un krach est toujours précédé d'une bulle spéculative. Comme pour prendre de l'élan pour mieux sauter.
Les origines d’une bulle spéculative sont souvent assez semblables. Par exemple, 1929 partage curieusement beaucoup de points communs avec 1630.
Concernant cette dernière, ajoutez à ce système d'achat à crédit le boom de la croissance des années 20 ainsi que la hausse de la production et des profits des entreprises et vous avez un feu d’artifice.
Le call loan fonctionne comme un gigantesque effet de levier. De fait, il permet de décupler votre investissement à crédit.
C’est-à-dire d’acheter des actions avec de l’argent que vous n’avez pas. Mais que vous pouvez emprunter classiquement, en contrepartie d’un taux d’emprunt.
Par conséquent, le call loan vous permet d'acheter des actions à hauteur de 10 fois votre mise.
À titre individuel, c’est plutôt agréable. Avec un euro, vous en investissez 10. Imaginez que le cours de vos actions progresse de 50% et que vous engrangiez 15 $.
Vous n'avez ensuite plus qu’à rembourser votre call loan. Disons les 9 euros empruntés, ainsi que le taux (imaginons 10 %) soit 9,9 euros.
Avec un seul euro et une performance de 50 % sur le marché boursier (largement faisable à l’époque), vous multipliez votre investissement par plus de 4. C'est ce qu'on appelle un effet de levier.
Vous obtenez un joli gonflement artificiel du prix des actions.
Conséquence :
Comment le prix des actions peut-il baisser ? Vous êtes sur un marché ultra haussier, dans lequel vous êtes sûr de gagner.
La bulle spéculative apparaît quand plus rien ne semble l’arrêter. Lorsque plus personne ne s'attend à ce que le marché se retourne. Mais la certitude est la pire chose en bourse.
Le système spéculatif s'est auto-entretenu pendant plusieurs années. Jusqu'à ce que le taux d'intérêts des call loan deviennent supérieurs aux gains que vous pouvez espérer dégager en investissant sur des actions, en fin 1929.
Au cours de l’année 1929, les investisseurs commencent à se rendre compte du début d’asphyxie dans laquelle l’économie américaine se trouve.
Une asphyxie par manque de capitaux. Ces derniers étant massivement dirigés vers les marchés financiers plutôt que vers l’économie réelle. L’inflexion de la croissance a conduit le marché à se tendre. Et la confiance à s’éroder.
Résultat : les taux d'intérêts ont augmenté. Et des millions de call loan sont devenus indésirables. En 3 mois, le Dow Jones reflue de 37 %.
La suite fait partie de l'histoire. La crise de 1929 a un peu tout accumulé. Son krach est
Les marchés boursiers sont entraînés dans une spirale baissière infernale qui dure près de trois ans.
L’indice Dow Jones abandonnera jusqu’à 89 % de sa valeur avant la crise de 1929. De 380 à...42 points.
Un château, ou plutôt un chapiteau.
On distingue :
Evolution du Dow Jones de bulles en éclatements, de la théorie à la réalité. Superposition troublante des deux graphiques (le théorique et le réel).
Les marchés financiers progressent en accélération et en rupture, plutôt qu’en ligne droite.
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