Les bonnes nouvelles sont des bonnes nouvelles, les mauvaises nouvelles sont mauvaises, mais les vaccins qui arrivent compensent tout. Absolument tout, donc elles sont bonnes quand même. S’il y a une chose que j’adore dans ce métier, c’est qu’il n’y a aucune routine. Rien ne se répète. Et puis si cela devait être le cas, on a la mémoire tellement courte que l’on aura quand même tout oublié, alors ce n’est pas grave. On retiendra encore une fois que cette semaine, on aura été vacciné contre tout et que l’on commence même à se rendre compte que les vaccins anti-COVID guérissent aussi des mauvaises nouvelles économiques. Oui, parce que ce n’est pas si grave, une fois que l’on aura été tous vaccinés et que l’immunité collective aura été atteinte, l’économie va repartir tellement fort et tellement vite que l’on fait déjà monter les bourses mondiales pour être certains de ne pas se faire surprendre tellement ça montera vite. Nous sommes donc dans une ambiance qui frise l’euphorie et qui nous permet de digérer toutes les mauvaises nouvelles tellement vite que l’on ne s’aperçoit même pas que c’était terriblement mauvais. Tenez, regardez ce qui se passe au niveau du COVID. Non parce que je rappelle quand même que c’est à cause de ça qu’on en est là. Eh bien lorsque l’on regarde les chiffres de la contagion, c’est tout bonnement inquiétant. En effet, jamais le taux de contamination n’aura été si élevé, jamais les lits d’hôpitaux auront autant saturés. Quant au nombre de morts, on n’en parle même plus tellement c’est élevé. Les conséquences de la semaine de Thanksgiving combiné avec celles du Black Friday commencent à se faire sentir et quand on connaît la durée d’incubation de ce foutu virus, on imagine assez facilement que ce n’est que le début. Mais ce n’est pas tout. Alors que l’arrivée des vaccins est plus que d’actualité, celui de Pfizer/BioNTech a été approuvé en Angleterre et l’on s’autorise à penser que la FDA américaine « pourrait » l’autoriser lors de la semaine qui nous attend. Sans compter aussi que dans la foulée, il y aura celui de Moderna qui devrait également être autorisé. Ainsi, les chiffres économiques américains continuent de montrer une photo instantanée que l’on qualifiera de « pas terrible ». Une photo instantanée que l’on qualifierait de carrément pourrie dans un monde normal. Mais voilà : NOUS NE SOMMES PAS dans un monde normal ! Dans l’esprit des traders et des investisseurs que nous sommes, peu importe ce qui va nous tomber dessus ces prochains temps, on a la nette impression que l’on balaiera la mauvaise nouvelle du revers de la main. Nous nous dirons que « ce n’est pas grave, la reprise économique arrive et avec les vaccins, ça va être facile ». De plus, on ne se demande même pas si l’on n’a pas (par hasard), déjà tout anticipé et un peu trop peut-être. Non, à chaque nouvelle, on la cumule au reste pour monter un peu plus haut, en pariant que la croissance sera forte, belle lumineuse et que le plein emploi est à nos portes. En effet, il suffit simplement de passer la période où il y aura des contaminations et des morts. Que le vaccin fasse son effet et qu’ensuite on puisse repartir comme en quarante alors que les Stimulus de tous bords vont nous tomber dessus avec un résultat : un endettement massif des pays concernés. Sans compter que les banques centrales vont également se faire plaisir pour soutenir l’économie et les marchés. Mais surtout les marchés. Spécifiquement les marchés. Alors voilà, je ne sais pas comment l’expliquer clairement avec des mots, mais disons que l’on a quand même l’impression que le marché anticipe tout ce qu’il y a de bon. En effet, il accumule les bonnes nouvelles en se disant que même s’il n’y a pas la moindre incidence immédiate sur l’économie, cela finira par venir. Pour le moment, nous avons donc un marché boursier qui cartonne en anticipation d’un avenir qui semble prometteur. D’un avenir qui fait fi du fait que l’économie va mettre des mois (si ce n’est pas des années) pour se redresser. Sans compter le nombre de faillites et d’emplois perdus qu’on n’est pas près de retrouver. Wall Street est donc en train de vivre sa propre vie de dopé par les soutiens divers et variés. Ainsi que les bénéfices faramineux que vont générer ce vaccin. Ces vaccins. On prend donc des paris inouïs sur quelque chose que l’on ne maîtrise absolument pas et pour lequel on a déjà tout anticipé ce qu’il y avait de mieux à en tirer. Je dois dire que l’euphorie dans laquelle nous vivons me rappelle furieusement celle dans laquelle nous étions en l’an 2000. En l’an 2000, la situation était certes différente, mais si vous aviez l’outrecuidance de vous montrer un peu timoré et d’exprimer quelques doutes sur les valorisations du marché et sa capacité à monter à toute vitesse, vous étiez instantanément ridiculisé par vos pairs. Aujourd’hui, c’est plus ou moins pareil, nous sommes tous tellement convaincus que les vaccins vont tout régler que plus personne ne se pose de question. Par ailleurs, plus personne n’est surpris par les chiffres économiques qui sont pourris et que, du coup, on ne regarde que ce qui est bien pour se pousser toujours un peu plus haut. Pourtant en l’an 2000 aussi, un jour la musique s’est arrêtée et tout est parti en vrille à une vitesse que l’on n’imaginait même pas. Et pour l’avoir vécu en direct, je peux vous dire que même les baisses du COVID en mars, n’étaient qu’une partie de plaisir. Juste pour mémoire, car je pense qu’il est toujours bon de se souvenir un peu du passé. En observant le chart du Nasdaq sur 20 ans, on peut voir qu’entre septembre 1998 et mars 2000, l’indice était monté de 350% - avant de s’effondrer de 82%. Il nous aura fallu ensuite plus de 16 ans pour retrouver les niveaux du top de l’an 2000. Depuis, l’indice aura été multiplié par 3 jusqu’à aujourd’hui. Autant vous dire que même si la hausse n’a pas été aussi rapide qu’à la fin des années 90, on ne peut pas nier le fait que nous nous retrouvons au plus haut de tous les temps à une altitude vertigineuse. En conclusion, on peut croire qu’il y a un truc qui ne « joue » pas, mais les marchés n’en ont que faire. Alors faut-il craindre que l’on se retrouve soudainement à court de carburant et que le château de carte s’effondre brutalement, ou est-ce que nous sommes entrés dans un marché qui a sa vie propre et qui n’a plus aucune connexion avec la réalité. On peut se poser la question. Au-delà des nouvelles au sujet des vaccins, il faudra aussi noter que l’on a plusieurs chiffres économiques qui ont été de qualité diverses et variées. Le premier exemple c’est les « Jobless Claims » de jeudi dernier, les nouvelles demandes d’allocation chômage pour la semaine. Ces chiffres n’intéressent pas grand monde d’habitude, mais depuis quelques temps, on les regarde attentivement, parce qu’ils donnent une photo hebdomadaire de l’économie. Le chiffre est sorti à 712’000 et c’était LA bonne nouvelle qu’il nous fallait pour surfer la vague haussière du moment. Il semblerait néanmoins que ces chiffres ne veulent pas dire que soudainement l’emploi repart. Mais, plutôt que les données ont été clairement tronquées parce la semaine n’aura duré que trois jours… Cependant, jeudi dernier on se moquait pas mal de ces considérations et comme nous sommes surtout à la recherche de bonnes nouvelles, on a choisi de se concentrer sur le fait que les chiffres baissent – et pas de pourquoi ils baissent. On ne va pas s’arrêter en si bon chemin, parce que vendredi dernier, il y avait les chiffres de l’emploi version US – les fameux NON-Farm Payrolls. Et là aussi, ce ne fût pas bon. Et pourtant. Le pays a ajouté 245.000 emplois non agricoles le mois dernier, a déclaré vendredi le Bureau des Statistiques du Travail. Ainsi, le total a également marqué une baisse par rapport aux 610 000 emplois ajoutés en octobre. Comme quoi, on ne va pas vers l’amélioration, mais plutôt l’inverse. Ah mais oui, j’oubliais l’effet vaccin. Le taux de chômage américain est passé de 6,9 % à 6,7 %, ce qui correspond aux prévisions des économistes. Le taux a diminué régulièrement par rapport au pic de 14,7 % enregistré au printemps, mais le rythme de la reprise a considérablement ralenti ces derniers mois. Oui, vous avez bien lu : « le rythme de la reprise a considérablement ralenti ces derniers mois ». Mais là encore, j’oubliais … LE VACCIN !!! Bien que les données aient surpris à la baisse, elles ont suscité un nouvel optimisme quant à la possibilité de parvenir à un compromis sur la relance avant la fin de l'année. Les législateurs démocrates et républicains ont accueilli favorablement une proposition de 908 milliards de dollars tout au long de la semaine. Ceci marque, ainsi, la première grande avancée dans les efforts de relance après des mois d'impasse. Oui, là ce n’est plus le vaccin qui fait effet, c’est le fait que l’on va nous offrir un stimulus pour fêter l’arrivée de Biden à la présidence. Par contre, un stimulus qui est deux fois plus petit que l’on espérait, mais un stimulus quand même. En effet, on ne fait pas la fine bouche et on monte quand même. Ce stimulus pourrait aider l'économie américaine grâce à de nouveaux financements pour les petites entreprises, les gouvernements des États et des collectivités locales, et à l'extension des allocations de chômage fédérales. En conclusion, la réalité est très moche, mais Wall Street continue de parier sur l’avenir. Cependant, il faut que l’économie montre des signes de reprise concrets pour justifier la hausse, à un certain moment en tous les cas. Pour l’instant, il semblerait que l’ambiance des fêtes de fin d’année permettent aux intervenants de croire encore aux miracles. J’espère sincèrement que l’arrivée de ces vaccins et que les récents confinements vont permettre effectivement relancer tout ça d’une manière un peu plus concrète. Sinon il y a un moment, il se pourrait que des zones de turbulences se présentent, de manière fort impromptue, mais néanmoins violentes. L'arrivée des vaccins
Une reprise facile ?
L'anticipation du marché
Flash-Back
L'indice multiplié par 3
Et tout cela au milieu de la pire pandémie de ces 100 dernières années avec des PIB’s mondiaux qui se sont pris une claque monumentale, qui n’ont pas montré le moindre signe de rebond et une visibilité assez médiocre de ce qui va se passer.Un vaccin contre les mauvaises nouvelles ?
Jeudi dernier, les experts qui avaient joué leurs prévisions aux dés, comme d’habitude, s’attendaient à 775’000 nouvelles demandes pour la semaine de Thanksgiving et du Black Friday.Mais ce n’est pas tout
Les économistes interrogés par Bloomberg s'attendaient à un chiffre beaucoup plus élevé de 460 000 créations d’emplois.Une baisse et de l'optimisme
Le graphique de la semaine
Cette semaine je ne vous présenterais qu’un seul graphique : celui du SOX. L’indice des semi-conducteurs. Observez combien ce dernier termine la semaine en boulet de canon. Et en observant cela, dites-vous que CET indice est un indicateur avancé du reste du marché. Je vous montre cela pour que vous preniez conscience que nous sommes dans une phase euphorique et qu’à partir de maintenant, TOUT peut arriver. Même que votre coiffeur commence à vous donner des conseils d’investissements. Si tel est le cas, n’hésitez à m’envoyer un mail pour me le signaler. Ça sera sûrement l’indication que le marché est arrivé au bout de son cycle.
Mise en place du vaccin, qu’attendre de la semaine à venir ?
Les espoirs renouvelés de relance économique et le début de la mise en place du vaccin devraient être au centre des préoccupations ENCORE une fois. La pression monte à Washington pour aider les personnes et les entreprises durement touchées par la pandémie, l'économie subissant son pire ralentissement depuis des décennies.
Les principaux indices de Wall Street ont atteint des sommets historiques vendredi, mais la volatilité des marchés pourrait s'accentuer avec l'entrée en vigueur de nouvelles restrictions visant à freiner la propagation du virus. En Europe, les négociations de longue date de Brexit entrent dans leur phase finale et la Banque Centrale Européenne annoncera probablement une nouvelle augmentation des mesures de relance jeudi, alors que la pandémie continue de ravager l'économie de la zone euro.
Les discussions sur la relance s'intensifient
Les données de vendredi montrant la plus faible croissance de l'emploi aux États-Unis depuis six mois ont renforcé les attentes des investisseurs pour un nouveau projet de loi de stimulus. Pour info, plus de 13 millions de personnes devraient perdre leurs allocations de chômage le 26 décembre sans une action rapide du Congrès.
Un plan d'aide de 908 milliards de dollars contre le coronavirus a pris de l'ampleur au Congrès vendredi, après un mois d'impasse entre républicains et démocrates sur la taille du paquet potentiel. Mais on ne sait pas encore si le leader de la majorité au Sénat, Mitch McConnell, accepterait un tel paquet après avoir insisté pour que les dépenses d'aides restent proches des 500 milliards de dollars. On va finir par filer des mandarines et des cacahuètes à chaque Américain à force de réduire.
Début du déploiement des vaccins
Le Royaume-Uni se prépare à devenir le premier pays à déployer le vaccin mis au point par Pfizer et BioNTech cette semaine, alors que les gouvernements du monde entier entrent dans une nouvelle phase de lutte contre la pandémie. Les premières doses devraient être administrées mardi, la priorité absolue étant accordée aux plus de 80 ans, aux travailleurs de la santé de première ligne, au personnel des maisons de soins et aux résidents.
Aux États-Unis, la FDA doit voter jeudi sur l'autorisation d'utilisation d'urgence du vaccin Pfizer/BioNTech et les premières vaccinations pourraient commencer dès vendredi.
Volatilité potentielle des marchés boursiers
Les trois principaux indices de Wall Street ont atteint des niveaux records vendredi, alors que l'on s'attend à ce que le sombre rapport sur l'emploi aux États-Unis incite les décideurs politiques à faire plus d'efforts pour stimuler l'économie. Les mises à jour positives sur les vaccins ont également apaisé les inquiétudes des investisseurs face aux sombres données économiques et à une augmentation massive des infections.
Mais tant qu'un vaccin est en cours de développement, les restrictions resteront en place jusqu'à ce qu'une masse critique de la population ait été inoculée, ce qui pourrait prendre plusieurs mois.
Les investisseurs suivront de près l'évolution politique à Washington et la logistique du déploiement du vaccin ainsi que l'impact économique du retour des restrictions. En Californie, la région de la baie de San Francisco sera fermée dimanche soir en raison d'une augmentation record du nombre de cas de virus qui menace de submerger les hôpitaux.
Brexit parle de la fin du jeu
Les négociateurs du Royaume-Uni et de l'Union Européenne ont tenu dimanche des pourparlers de dernière minute visant à conclure un accord commercial post-Brexit avant la fin d'un accord de transition le 31 décembre. Mais on ne va pas s’éterniser sur le sujet, plus personne ne s’y intéresse de toute façon.
La BCE va annoncer une nouvelle expansion du plan de relance
Alors que la zone euro retourne en récession au quatrième trimestre, la présidente de la Banque Centrale Européenne, Christine Lagarde, devrait annoncer jeudi un nouvel élargissement de son plan de relance. L'inflation dans la zone euro est restée négative pour le quatrième mois consécutif en novembre, ce qui souligne les inquiétudes quant à la possibilité que la baisse des prix soit plus persistante que ce que l'on craignait.
Pour résumer, la semaine qui nous attend devrait être la même que la précédente. Reste à espérer que l’on intègre les mauvaises nouvelles aussi bien que par le passé, histoire que l’on puisse continuer notre marche en avant.
Passez une très bonne semaine, les vacances approchent. Prenez soin de vous.
Thomas Veillet
Morningbull
merci Thomas pour tes analyses et ton humour,
si je traduis tes propos, tu conseilles de vendre,
peux tu nuancer, entre pétrole, semi conducteurs, tech américaine, luxe...?
merci et à bientôt
Vous n’évoquez pas la date du 14 décembre. Croyez-vous que Trump va lâcher ? Suspens !
Merci beaucoup , pour ces mauvaises nouvelles ... Bien à vous .
Merci pour toutes vos analyses qui sont réalisées dans la perspective de vaccinations réussies, sans effets secondaires.
Que deviennent-elles si, après qq semaines ou mois, la population montre des signes de réaction négative ?