Tesla encore et encore

Gardons Tesla pour plus tard. Le premier truc que l’on m’a appris le jour où j’ai commencé dans la finance, c’est que ce monde-là n’apprend rien et qu’il oublie tout. La semaine qui vient de s’écouler nous a encore apporté la preuve de cela. Alors que l’on commençait la semaine en se disait que la fin était proche, que le Coronavirus allait tous nous tuer, soudainement tout le monde a commencé à se dire que si l’on comparait les chiffres, ce n’était rien d’autre qu’une grosse grippe. Dans la foulée le gouvernement chinois a montré son soutien à l’économie en y injectant des milliards. Tellement de milliards que si l’on voulait compter pièce par pièce, il nous faudrait une vie entière.

Du coup les professionnels de la finance que nous sommes – vous et moi – nous nous sommes dit qu’il était temps d’y retourner et c’est là que le miracle s’est produit. Alors que nous étions au bord du gouffre trois jours auparavant et que l’on s’imaginait tous mourir en toussotant, voici qu’en moins de temps qu’il ne fallait pour dire « bull market » le marché américain était au plus haut de tous les temps. Effacé le virus, nettoyé le corona : la finance avait repris le dessus.

La fin du monde pas pour tout de suite

La faute à qui ? On ne sait pas, mais disons que je commence à croire sincèrement que les gens n’ont pas d’autres alternatives que de racheter des actions. Il est vrai que quand on voit ce que les taux nous rapportent ou ce que le rendement du lingot paie ces derniers jours, ça donne juste envie de replonger dans le marché à la première occasion. Il est vrai que durant le premier volet de la crise du Coronavirus, les gens se sont rués sur les obligations du 10 ans américains – des obligations d’état qui sont censées nous donner sécurité et paix de l’esprit.

Bien évidemment, puisqu’il est clair qu’en cas de fin du monde et de destruction de la race humaine par un virus provenant d’un cousin de Batman, la première préoccupation du gouvernement américain sera de rembourser le pauvre investisseur qui ne demandait que de la sécurité.

Les marchés financiers

Quoi qu’il en soit, les intervenants ont donc rapidement monté à l’assaut des marchés financiers pour pousser les indices au plus haut de tous les temps. L’épisode Corona pourrait encore durer, surtout depuis que les Anglais ont fait un point d’honneur à tenter d’infecter la France en revenant de Singapour et ce, en pleine période de vacances des parisiens. Mais pour le moment, on dirait que le pire est derrière nous. En tous les cas du point de vue marché et indices boursiers.

La surprise était donc de taille la semaine dernière, puisque nous sommes passés de la « presque-catastrophe » à de nouveaux records historiques. Bien évidemment, ce n’est pas la première fois que cela arrive, mais la violence du rebond alors que strictement rien n’a changé, reste tout de même impressionnant. Oui, parce que je me dois tout de même de vous rappeler que le Coronavirus n’est pas encore considéré disparu et que le nombre de contaminés ne cesse d’augmenter et que le bilan augmente tous les jours un peu. Même si aujourd’hui le bilan n’équivaut même pas au tiers du bilan annuel de morts au volant à cause des « sms », il y a tout de même près de 900 morts.

La mise en perspective

Il semblerait donc que le monde merveilleux de l’investissement ait pris la mesure de ce qui se passe et ait mis les chiffres sur un bout de papier, se rendant compte que l’on n’en n’était pas encore à la grippe espagnole.

La semaine dernière, je vous avais mis le graphique ci-dessus, vous signalant les supports que l’on pouvait utiliser pour tenter de « revenir » dans le marché et de jouer le rebond. Malheureusement nous ne sommes même pas allés aux 3100, le retour a été tellement violent que l’on n’a presque rien vu passer. Comme le montre le graphique ci-dessous, qui est la version mise à jour de la semaine dernière, nous sommes maintenant en train de consolider pour tenter la vague suivante.

Oui, parce qu’entre deux, il y a aussi eu les chiffres de l’emploi US qui ont pulvérisé les attentes, laissant penser que l’économie sous Trump Premier se porte plutôt pas mal. En tous les cas, le Président qui prépare son prochain mandat – maintenant qu’il a été acquitté par ses pairs – ne s’est pas gêné pour se féliciter de la performance de SON économie.

Inversion de la courbe des taux… dans le silence médiatique

Avant de passer à l’étape suivante, je voudrais encore vous parler des taux et des rendements.

Il est clair qu’entre le Coronavirus, le procès de Trump et les gamineries qui ont eu lieu durant le discours de l’état de l’Union, il ne restait que peu de place dans les médias pour parler de l’inversement de la courbe des taux…

TAUXY

Oui, parce que les taux sont également en plein crise identitaire. La semaine dernière on a vu qu’il s’est à nouveau passé des choses. Comme nous en avions déjà parlé par le passé, une situation normale pour les taux, c’est quand le rendement sur la durée la plus longue est plus élevée que le rendement sur la durée la plus courte. Lorsque qu’une durée courte offre un rendement plus élevé que son grand-frère, c’est un mauvais signe, puisque par le passé nous nous sommes rendu compte que ce sont des indicateurs de récession.

L’inversion de courbe

On sait en effet qu’en général qu’entre 18 et 60 mois après une inversion de courbe, la récession pourrait nous frapper. Alors oui, je suis conscient que tout cela fait beaucoup de variables et de « si » dans l’équation, mais en général ce genre de situation fait très peur au marché. À moins qu’il ne soit trop occupé à regarder ailleurs et se prendre la tête sur autre chose.

Ces deux dernières semaines, il s’est passé pas mal de choses sur les taux. Le rendement du 10 ans est revenu au plus bas de ces derniers mois (voir graphique plus bas) et le 2 ans s’est littéralement effondré alors que tout le monde cherche un endroit où se planquer. Mais comme nous sommes encore trop occupés ailleurs, personne n’en parle et personne ne s’en préoccupe, mais ça peut encore venir.

Enfin, moi je vous l’avais dit : « il y a des inversions dans les courbes de taux et on va en parler un de ces jours ».

Graphique du rendement du 10 ans américain

 

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