La grande rotation ou la danse des marchés financiers
Le marché financier, c’est un peu comme une danse. Une danse de flux monétaires.
Orchestrée par les investisseurs eux-mêmes, qui sont des acteurs plutôt que des maestros.
La rotation, c’est la conséquence de l’anticipation de la meilleure rentabilité
Vendre des titres qui vont baisser pour ceux qui vont monter. Logique.
Selon les anticipations (les croyances, les rumeurs ou même des faits observables), les anticipations changent.
Et les flux monétaires se forment telles des rivières qui s’écoulent rapidement vers ce qui est envisagé comme plus rentable
Lorsque les investisseurs modifient leurs anticipations simultanément alors démarre un véritable mécanisme de vases communicants.
Les prix montent d’un côté...et descendent de l’autre.
Le prix des titres délaissés baisse.
Le prix des titres vers lesquels les investisseurs affluent augmente.
Symétrie implacable
Sur les marchés financiers, les rotations expliquent les valorisations stratosphériques...et les dévalorisations absurdes…
Car une rotation, comme les modes, peut durer longtemps.
En 2020, inlassablement, c’était Growth versus Value.
Les entreprises bien vues versus les entreprises moins bien vues.
Les entreprises dans la tourmente versus les entreprises qui résistaient.
C’était une reprise en K
C’était les tech’ contre le reste du monde.
L’aéronautique, l’immobilier commercial, le pétrole. C’était la même rotation, toujours et encore.
Mais une rotation, c’est quoi au juste ?
Vous connaissez déjà la rotation la plus importante et la plus connue
Toute rotation naît du risque.
De l’aversion au risque des investisseurs pour être plus précis.
Lorsque le risque augmente et que l’inquiétude croît, on observe un appel d’air des actifs risqués aux actifs moins risqués.
Lorsque le risque augmente, les investisseurs accourent sur l’or pour se protéger.
C’est la rotation la plus connue, la plus observable.
Or versus actions
Plus globalement, c’est de cette façon, avec l’accroissement du risque, que naissent les valeurs refuges.
Quand les conditions économiques se tendent, l’or devient une valeur refuge.
Certaines monnaies sont recherchées aussi : le Franc Suisse, le Yen, le dollar car les économies rattachées à ces devises sont considérées comme plus résistantes.
Et qui dit plus résistantes dit...plus rentables
On y revient : l’anticipation de la meilleure rentabilité.
Valeurs défensives versus valeurs cycliques
L’autre rotation sectorielle qui se met en place lorsque le risque augmente, c’est la rotation défensives versus cycliques.
Les valeurs défensives sont par définition des valeurs peu sensibles aux évolutions économiques.
Peu sensibles aux crises. Plus rentables en période de crise.
En 2020, les valeurs défensives, c’était la tech’
A l’inverse, les valeurs cycliques épousent parfaitement les cycles économiques.
Elles sont sensibles aux crises et moins rentables en période de crise.
En 2020, les cycliques, c’était l'aéronautique, les voitures, le pétrole... etc.
Marché plus serein, rotations contraires
Il y a des moments ou des secteurs sont plus privilégiés que d’autres. Comme des modes, qui passent et trépassent.
Une danse des flux monétaires, en grande partie guidée par le seule et unique maestro : le risque.
L’objectif, et ça devrait être le vôtre si vous lisez l’Investisseur de Crise, c’est de jouer les retournements.
Il ne s’agit donc pas (ou plus) d’investir massivement sur les tech’ (en tout cas pas que). Mais de trouver les opportunités au sein même des secteurs massacrés.
Certains comme moi ont commencé à accumuler les valeurs massacrées depuis mars
D’autres s’y sont mis sérieusement depuis novembre. Depuis les premières bonnes nouvelles sur le plan sanitaire.
C’est pourquoi depuis un bon mois maintenant se joue sur le marché une rotation impressionnante.
Un vent contraire à celui qui a soufflé depuis le début de l’année
L’image ci-dessus montre un parfait exemple de vent contraire.
Les plus fortes baisses d’un côté : tech’ et pharma’. Les plus fortes hausses de l’autre : values et cycliques.
Un net rebond des valeurs massacrées. Extrêmement rapide. Trop rapide ?
Je suis passé liquide à 90 %
J’estime que le mouvement qui s’est initié a été un peu trop rapide.
J’ai donc massivement allégé mon portefeuille.
Rien ne change quant à ma stratégie long terme : je reviendrai sur les dossiers qui me plaisent.
Mais à court terme, je time les marchés.
Je dynamise un peu ma stratégie
C’est simplement un ressenti : je ne sais pas où les marchés iront.
Fin 2017, je me suis désinvesti car je les trouvais trop hauts.
Il m’a fallu un peu plus de deux ans avant de pouvoir rentrer sur des marchés largement décotés.
Mais le retour en a valu la chandelle : + 40% de performance. J’ai donc bouclé ce gain pour 2020.
J’ai fermé mes positions les plus performantes : quelques-unes de mes actions affichaient des gains de 50 à 70%.
Et j’ai coupé les têtes des lignes qui dépassaient un peu trop, notamment sur l’un de mes titres qui occupait 20 % de mon portefeuille total.
Dégager 90% de liquidité, c’est extrême. Mais j’ai toujours suivi mes intuitions à fond.
Je prépare mon retour pour 2021, et je vais vous emmener dans les coulisses d’un stratège des marchés financiers.
Les enjeux de 2021
La crise sanitaire a conduit les sociétés déjà dévalorisées sur le marché à se dévaloriser encore plus.
L’écart de performance entre la “Growth” et la “value” a atteint des sommets.
Dans le futur ?
La “Growth” continuera de performer c’est certain - mais attention aux turbulences, sur la tech' notamment.
Sur des titres sur lesquels ils détiennent des performances énormes, des milliers de nouveaux investisseurs en gestation patientent. Attention aux coups de pied dans la fourmilière.
Le potentiel d’agitation est énorme
C’est une bombe à retardement.
Il faut savoir que les nouveaux traders du Covid, ceux qui utilisent des plateformes de trading comme celle de Robinhood, peuvent trader gratuitement.
Ils sont jeunes et inexpérimentés. Ils ont un impact sur le marché, représentant jusqu’à 7% des volumes d’échanges certains jours, sur des valeurs comme TESLA.
Je ne dis pas que c’est une condition sine qua non à leur futur échec. Il y en a qui gagneront beaucoup.
Mais tous ensembles, ils créeront un mouvement de foule
Vous savez, ces mouvements de panique, fruit de la somme de l’intérêt individuel : survivre.
La somme des intérêts individuels ne sert pas l'intérêt général. Le mouvement de foule se produit, et la catastrophe devient inévitable. Alors que si personne n’avait paniqué, rien de tout cela ne serait arrivé.
En bourse, il n’est pas question de vie ou de mort, mais de conserver ces bénéfices
Cet intérêt individuel n’est pas compatible avec l'intérêt général. Les effets de groupe ne sont jamais bons en bourse.
L’idéal, c’est de ne pas se trouver dans la fourmilière lorsque la tondeuse passera.