Dans ce Morningbull semaine 5, nous je vais vous expliquer cette période folle. En effet, nous sommes en train de vivre une période absolument hallucinante dans le comportement des bourses mondiales. La folie et l’irrationnel s’est emparé des places de bourses, les « millenials » ont pris le pouvoir et tentent de mettre à terre les géants de la finance, tels que les Hedge Funds. Dans ce résumé «hebdomadaire », il est difficile de parler d’autre chose que de l’affaire GameStop. Ce que cela génère dans les marchés, ainsi que les conséquences que cela peut avoir et de ce qui pourrait se produire si l’arrivée de ces « nouveaux traders » devenait permanente et que l’on commençait à penser que ces nouveaux forums qui manipulent les marchés puisse être la « disruption » du monde financier quel l’on attendait depuis des années. Quelques éléments de réponse pour y voir plus clair après deux semaines complètement folles et irrationnelles. Le concept de base est peut-être déjà de repartir à zéro dans l’histoire de GameStop et d’essayer de comprendre le concept en entier, pour expliquer pourquoi tout cela est possible. Avant toute chose, pour en parler en « live », je vous recommande d’aller voir une vidéo que j’ai faite pour une banque suisse que vous retrouverez en bas de page Le titre est : Et si «Wallstreetbets» étaient les UBER de la finance ? Vous aurez déjà deux ou trois éléments de réponse sur le sujet. Mais reprenons l’histoire à zéro : À l’origine vous avez des fonds qui sont considérés comme des fonds « spéculatifs » qui, dans le cadre de leur asset allocation, déterminent que certaines de leurs positions sont à la hausse et d’autres, sont à la baisse. Par exemple, si vous estimez qu’Apple va monter de 20%, vous achetez Apple et si vous pensez que Boeing va baisser de 20% à cause de différentes casseroles juridiques, vous « shortez » Boeing. Ce qui veut dire que, dans le cas où vous avez raison sur vos prédictions, vous aurez un gain de 20% sur Apple ET UN GAIN de 20% à la baisse sur Boeing. Peu importe la direction du marché, vous aurez gagné 20% à la hausse et 20% à la baisse. Contrairement à un fonds classique qui ne joue « que » la hausse qui n’aura pu profiter que de la hausse d’Apple et, dans le meilleur des cas, éviter la baisse de Boeing. Ces fonds sont ce que l’on appelle des «Long / Shorts », ils sont là pour jouer la hausse et la baisse EN MÊME temps. Le but de ces fonds et de limiter la volatilité des portefeuilles en étant exposé à la baisse comme à la hausse, parce qu’autant vous dire que le nombre de fois où vous gagnez dans les deux sens n’est pas si fréquent que ça. Dans le monde très organisé de la finance, lorsque vous achetez un titre sur une place de bourse, la banque de la personne qui vous vend votre action prend contact avec votre banque, ils se « mettent » d’accord entre eux, votre banque envoie le cash et la banque du vendeur envoie les titres. Dans le temps tout cela se faisait physiquement et aujourd’hui ; c’est digital. On appelle ça : le Clearing. Il semble donc évident que si vous vendez quelque chose que vous n’avez pas, il va rapidement y avoir un problème entre les deux banques. Ainsi, une des deux pourra envoyer l’argent de l’acheteur, mais la banque du vendeur ne pourra pas livrer les titres, puisque son client de les a pas. Mais, il y a bien des années, on a réglé le problème aux États-Unis en inventant le « prêt d’actions ». Pour faire simple, si vous devez livrer des actions que vous ne possédez pas, vous aller en emprunter à quelqu’un qui en a sur son dossier titre. La personne va faire un « crédit sous forme d’actions » et l’emprunteur va payer un intérêt débiteur. Comme sur un crédit à la consommation ou un crédit immobilier. On peut se demander quel est l’intérêt du prêteur de toucher un intérêt pour prêter ses actions alors que l’emprunteur va s’empresser de les vendre avec pour intention de faire baisser le cours de l’action. En effet, ça ne semble pas très logique. C’est un peu comme prêter le revolver que votre adversaire va utiliser pour vous tirer dessus. Pourtant, c’est là que ça devient intéressant. En effet, il se trouve que la plupart du temps, vous ne savez même pas que vous avez prêté vos actions à quelqu’un qui veut les vendre à découvert. Par ailleurs, je suis presque certain qu’aucun d’entre vous n’a reçu de coup de fil de sa banque qui disait « bonjour, nous voudrions savoir si vous êtes d’accord de prêter vos actions Danone à un Hedge Funds qui voudrait les vendre à découvert pour faire baisser le titre ? ». Et pour cause : dans les conditions de base de vos comptes, il est inscrit en tout petits caractères quelque part, que par DEFAUT, vous êtes d’accord que l’on prête vos actions… D’ailleurs je suis intimement convaincu que certaines banques prêtent vos actions, récupèrent les intérêts et vous n’en verrez jamais la couleur. Le seul moyen que vous ayez, c’est de stipuler vous-même que vous REFUSEZ de prêter vos actions. La banque serait donc (en théorie) obligée de vous obéir. En pratique, c’est autre chose. En fait, il faudrait que la loi sur les comptes bancaires stipule dès le début que la banque N’A PAS LE DROIT DE PRÊTER VOS TITRES. Mais forcément, c’est moins lucratif pour elle et supprimerait du même coup la possibilité de vendre à découvert pour certains fonds alternatifs. Supprimant du même (il faut le dire), une certaine liquidité fournie par les fonds « shorts » et augmenterait du même coup la volatilité des marchés. En fait, le boulot des Hedge Funds, c’est d’identifier une société qui est en difficulté et de vendre massivement pour faire pression sur le cours de l’action. Aussi, espérer que les fondamentaux de l’entreprise vont se dégrader jusqu’à que les actionnaires quittent le navire et provoquent une baisse encore plus grande. Ils pourront ainsi profiter de ces accélérations baissières pour racheter les titres qu’ils ont vendu à découvert, (sans les avoir physiquement, mais en les ayant empruntés) à bas prix. Faisant du même coup un profit important pour leurs investisseurs (les clients du Hedge Funds). Lorsque la baisse est suffisante ou que la faillite est prononcée, ils vont alors racheter les actions et les rendre au pauvre actionnaire qui aura perdu une grosse partie de son investissement, en échange d’un mini-taux d’intérêt. Il faut savoir au passage que l’actionnaire qui a prêté ses titres, peut les vendre en tout temps, la banque s’occupera de jouer aux chaises musicales avec les actions d’un autre pour couvrir les arrières du fonds qui a emprunté. Ça c’est ce qui se passe et c’est le mode de fonctionnement des Hedge Funds depuis des années. Ce n’est pas une nouveauté et c’est un business fort lucratif pour les banques, pour les fonds et pour les investisseurs des fonds en question. Ce n’est pas illégal, ce n’est pas malhonnête et ce n’est pas parce que le Hedge Funds vend à découvert que la société va péricliter et voir son cours en bourse baisser, mais c’est PARCE QUE la société en question périclite que les Hedge Funds vont profiter de la situation pour engranger un profit. Un Hedge Funds n’est pas une institution machiavélique qui profite de la détresse des autres et AUGMENTE la détresse au nom du grand capital. Le Hedge Funds est une création des marchés financiers et du système tel qu’il a été créé qui pousse les investisseurs à chercher par tous les moyens à maximiser les profits. Que ce soit à la hausse, comme à la baisse. Ce que l’on tente de mettre en exergue aujourd’hui c’est que les Hedge Funds sont les méchants et que les millénials et leurs forums d’investissements sont les gentils. Pour faire simple : Les Hedge Funds c’est le shérif de Nottingham et le forum Wallstreetbets et ses 5 millions de membres et plus, sont Robin des Bois. Tout ce qui fait bouger le marché est là pour une seule et unique chose ; faire du social. Les médias qui montrent ces forums et ces nouveaux traders comme des pourfendeurs du système et des gens qui sont là pour faire le bien et ramener Wall Street à la réalité, sont à côté de la plaque. Ces gens ont trouvé un moyen de faire de l’argent facilement en utilisant un système contre lui-même. Et ça, c’est très intelligent ! Par contre, détrompez-vous, parmi les 5 millions de personnes qui mettent les pieds dans le marché sous l’égide du pourfendeur de Hedge Funds et de la révolte contre le capitalisme de Wall Street, ne gagne pas de l’argent. En effet, le trading dans ce genre d’histoire se rapproche plus du ticket de loterie que du trader talentueux qui sait quand entrer et quand sortir. Sans compter que le jour où le marché se retournera contre eux, ça sera chacun pour soi et Dieu pour tous. Ça sera le stade de France qui se vide par une porte de 60 centimètres de large. Je parle du Stade de France AVANT la pandémie. Il est donc important de relativiser la situation que nous allons décortiquer maintenant ; les gens qui traitent via Wallstreetbets sont là pour FAIRE DE L’ARGENT, pas pour sauver le monde et réduire la pauvreté. Ce qui se passe reste de la manipulation boursière et techniquement, le temps que les autorités boursières se réveillent, c’est illégal. De l’autre côté les Hedge Funds ont montré leurs limites et vont devoir repenser leurs stratégies. Et puis il sera intéressant de voir ce qui va se passer lorsque la réalité frappera à la porte de GameStop et que tous les génies de la finance qui sont sur WallStreetbets voudront vendre leurs actions et qu’il n’y aura plus d’acheteurs. Les Hedge Funds seront partis, les investisseurs fondamentaux ne seront jamais venus et comme aucun short ne sera plus dans le marché, il n’y aura plus personne pour se racheter et le titre tombera comme une pierre. Intéressant de réfléchir à ce point de vue, parce que pour le moment on nous vend l’histoire d’un titre qui ne fait que monter pour des raisons bidon, mais que se passera-t-il lors de la descente vertigineuse, les prix des options vont s’effondrer à toute vitesse, les quelques acheteurs qui restaient vont disparaître et le dernier rentré dans l’avion va prendre des pertes monstrueuses, comme à chaque fois qu’un système de PONZI est mis à jour. Alors attention, ce n’est pas un PONZI au sens propre du terme, mais disons que le jour où le dernier sera rentré et que l’on reviendra à la réalité, on en reparlera. Maintenant, nous allons nous attacher à ce qui s’est passé ces dernières semaines et pourquoi les titres de GameStop, AMC ou d’autres comme Nokia ADR ont explosé à la hausse à des niveaux de valorisation qui ne veulent plus rien dire. La société n’est pas au meilleur de sa forme, elle est en train de brûler tout le cash disponible et son business model. La vente de jeux vidéo PHYSIQUE dans des magasins disséminés un peu partout sur le territoire américain n’est pas ce qu’il y a de plus moderne, ni de plus avant-gardiste. Surtout dans une crise économique majeure (et je ne parle même pas de la pandémie qui va quand même pousser les gens à aller de plus en plus downloader les jeux directement sur leurs consoles puisqu’on a de toutes façons plus vraiment le droit de sortir). La seule alternative pour GameStop de s’en sortir est de passer au DIGITAL. En effet, c'est ce que proposait de faire l’activiste Ryan Cohen fondateur de Chewy, lorsqu’il a pris une participation de près de 13% dans GameStop et une chaise au Conseil d’Administration. Ce qui est une superbe idée mais qui ne va pas se réaliser en deux temps trois mouvements. Les Hedge Funds et des spécialistes des entreprises en difficultés comme Citron Research, qui a tout de même identifié plusieurs escroqueries de sociétés chinoises sur le marché américain et qui ont fait preuve d’une certaine compétence dans ce domaine,que ça plaise ou non. Citron et plusieurs Hedge Funds ont donc décidé de shorter GameStop, d’autant que depuis la prise pouvoir de Ryan Cohen, le titre avait énormément progressé. Graphique de GameStop – Source : Tradingview.com À partir de là, quelle est la stratégie de Wallstreetbets et des gens qui suivent ? Tout d’abord, il faut savoir que pour qu’une stratégie comme celle-ci fonctionne, il faut plusieurs conditions : Ce que l’on entend par « Free Float », c’est le nombre d’actions en circulation. Chaque société cotée en bourse, se doit d’annoncer combien d’actions circulent, puisque l’on ne peut pas en acheter plus qu’il n’en existe. Par exemple si on nous dit que telle ou telle société à 1000 actions en circulation et que j’achète 1000 actions je détiendrais tout le capital. Par ailleurs, s’il y a des « shorts » sur la même société, ils n’auront pas d’autre choix que de venir vers moi pour racheter les actions qu’ils ont vendues et qu’ils ne possèdent pas. SAUF QUE COMME JE SUIS LE SEUL à en avoir, je peux leur faire le prix que je veux, ils sont « techniquement morts ». Cependant, plus il y a d’actions en circulation, plus il est difficile de manipuler le titre. Prenez Apple, la plus grosse capitalisation américaine, elle a 17 milliards d’actions en circulation. GameStop, elle n’en a que 70 millions, sachant que plusieurs groupes d’investisseurs ou d’actionnaires comme Ryan Cohen, en détiennent près du quart,ce qui laisse grosso-modo une cinquantaine de millions d’actions qui circulent à peu près librement, bien plus facile à manipuler qu’Apple. Là aussi, il est obligatoire que les personnes qui ont vendu des actions à découvert l’annoncent. C’est la loi. On peut donc savoir quelle est le nombre d’actions qui sont empruntées pour vendre à découvert. D’où la possibilité de calculer un ratio. Si l’on regarde la liste ci-dessous, nous trouvons les 10 titres les plus shortés du marché US avant l’affaire GameStop. Dans le cas de GameStop, on peut se rendre compte que plus ou moins la TOTALITE des actions étaient shortées par les Hedge Funds, ce qui est clairement un appel à se faire taper dessus. Avec ces trois composants, vous avez une recette explosive pour tout faire péter à la hausse. Toujours est-il qu’aujourd’hui, GameStop ne gagne pas d’argent, est en train de puiser dans son cash pour survivre et l’on peut juste espérer que son plan de restructuration se fasse vite, voir très vite. Pour que sa valorisation complètement irréelle puisse se justifier et faire venir des investisseurs long terme. Comme des fonds de pension qui pourront racheter les actions des spéculateurs le jour où ces derniers voudront vendre… Dans le cas contraire, quand Wall Street aura décidé de se désintéresser de GameStop en laissant aux mains des spéculateurs de Wallstreetbets, le jour où il y aura des vrais vendeurs qui voudront réaliser leur capital pour acheter une maison, une voiture, ou payer un loyer, il n’y aura plus d’acheteurs naturels et le retour à la réalité pourrait être EXTRÊMEMENT violent. Morningbull semaine 5
WallStreetbets sont-il les Uber de la finance ?
Morningbull semaine 5 : Explication de la situation
Mais comment font-ils pour vendre quelque chose qu’ils n’ont pas ???
Quel objectif?
Que font les Hedge Funds avec ces actions qu’ils ne possèdent pas ?
Interlude
Relativiser la situation
Morningbull semaine 4 : Mais comment toute cette folie est-elle possible ?
Prenons par exemple le cas de GameStop.
Stratégie de Wallstreetbets
En conclusion
Cette semaine aura donc été uniquement et seulement consacrée au massacre des Hedge Funds et la prise de pouvoir des gentils spéculateurs de Wallstreetbets.
D’ailleurs, si la semaine aura été pourrie sur les marchés, ça n’est pas à cause de la pandémie, ce n’est pas à cause des vaccins qui ne sont pas livrés, ce n’est pas à cause des décisions ou des nouveaux plans de Biden. Ce n’est pas non plus à cause des chiffres économiques ou de la publication des chiffres trimestriels qui sont, au demeurant, pas trop mauvais. Non, ce n’est uniquement à cause de GameStop. Uniquement à cause du fait que les intervenants classiques et habituels ont peur de ce qui est en train de se passer, qu’ils se demandent si cette disruption est là pour durer et si nous sommes au début de quelque chose qui pourrait redistribuer les cartes.
Il y a aussi le fait que les Hedge Funds qui ont perdu gros dans l’affaire GameStop sont obligés de liquider des positions monstrueuses dans des actions de qualité, rien que pour fermer leurs fonds en liquidation. Il y a donc également un effet vase communicant qui est en train de se faire sur le marché : Les pertes sont compensées en vendant des actions profitables et quand vous vendez Apple, Microsoft, Facebook, Amazon et Google en masse pour compenser les indices en prennent plein la figure.
Il manquerait plus que l’on se rende compte que nous sommes en pleine pandémie et que le recovery économique n’est qu’un joli fantasme qui n’a pas encore vraiment commencé.
Performance Hebdomadaire des marchés – Source : Investing.com
La semaine qui nous attend
Cette semaine risque bien d’être également sous le signe de la mort des Hedge Funds, puisque tout le monde est parti à la chasse aux titres les plus shortés, même en Europe on s’y met et il y a foison de forums qui sont en train de se monter pour essayer de mettre à terre le système ici aussi.
La semaine dernière, Bloomberg a constaté que les 5 articles les plus lus TOUS LES JOURS étaient sur GameStop. Même sur mon site, INVESTIR.CH, les trois quarts des articles que nous publions sont basés là-dessus. On ne parle plus du reste et ça pourrait même durer.
À moins que les autorités s’en mêlent et qu’elles viennent mettre fin à la cour de récréation dans laquelle nous sommes. Car au risque de me faire incendier : GameStop ne VAUT pas ça, nous sommes dans une folie haussière qui ne fait aucun sens et qui est même dangereuse. Dangereuse dans le sens où il y a tout de même des gens de ces forums qui ont été menacer l’intégrité physique des enfants d’analystes financiers qui avaient osé dire que GameStop était une daube.
Ça ne fait plus aucun sens. Et la dernière fois que nous avons perdu le sens des réalités sur les marchés, je ne vais même pas vous re-raconter ce qui s’est passé. N’oublions pas non plus que le monde est devenu à moitié fou, puisqu’il y a 48 heures Elon Musk a rajouté le Hashtag Bitcoin #Bitcoin sur son profil et la cryptomonnaie a pris 6’000$ en quelques heures avant de retomber là d’où elle venait dans le même laps de temps. Je pense que le marché a atteint un tel niveau de bêtise que si Elon Musk tweetait « LVMH » demain, le titre prendrait 50%.
Passez une bonne semaine.
Thomas Veillet