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Le Billet de la semaine - 27 septembre 2021

septembre 27, 2021
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Une semaine à se faire peur… pour pas grand-chose

 

La fin du mois de septembre approche. Le prochain billet hebdomadaire que je vais vous rédiger sera déjà en octobre, ça fera déjà un mois « pourri » de passé. Oui, nous avons eu peur, nous avons pensé que le « krach » annoncé allait enfin se produire et que la correction était arrivée.

 

Les experts à Wall Street s’en sont donnés à cœur joie en prédisant la fin du monde et le « Lehman Moment » avec l’affaire Evergrande. La Chine aura clairement été sous les feux de la rampe cette semaine et même la FED sera passée au second plan. Mais où en sommes-nous exactement ?

 

On fait le point juste après la performance de la semaine, semaine où le Bitcoin et les cryptos-monnaies en auront eu pour leur grade.

 

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Performance des marchés de la semaine– Source : Investing.com

 

En analysant le tableau habituel des performances hebdomadaires, on se rendra compte que les indices mondiaux parviennent à terminer dans le vert. Ce qui n’aurait pas été évident à prédire mardi dernier. En revanche, le Bitcoin et ses confrères auront cotisé deux fois durant la semaine. D’abord avec la panique liée à l’affaire Evergrande en début de semaine et ensuite de par le fait que le gouvernement chinois en est à sa X-ième menace sur les cryptos et le mining. Menace qui semble toutefois relativement légère, puisque les intervenants restent convaincus que chaque baisse n’est qu’une opportunité d’achat.

 

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Graphique du Bitcoin – Source : Tradingview.com

 

On a eu chaud…et pourquoi maintenant tant de calme ?

 

Lundi dernier, les bourses mondiales étaient en mode panique. Tout le monde cherchait à se mettre « cash » par tous les moyens. Peu importe le prix du cash. Soudainement, même les valeurs refuges comme l’or ou les cryptos n’avaient plus aucun sens. La raison provenait de Chine.

 

On craignait que le géant immobilier chinois Evergrande n'explose, avec des dettes totalisant plus de 300 milliards de dollars. Ce qui provoquerait une crise économique dans la deuxième plus grande économie du monde. On parlait de « seconde crise des subprimes » ou de « moment Lehman Brothers », donnant des cauchemars à ceux qui étaient là il y a 12 ans.

 

Toutefois, vendredi, le marché avait récupéré la plupart de ses pertes. On peut clairement s’en rendre compte en observant notre tableau hebdomadaire.

 

Le fait qu'Evergrande n'ait pas réglé ses problèmes d'endettement et qu'elle ait manqué le paiement d'un coupon aux détenteurs d'obligations le jeudi ne semblait pas avoir d'importance. Jeudi dernier Evergrande devait rembourser plus de 80 millions de dollars de coupons et ils n’ont mis que 32 millions sur la table. Tout cela semblait suffisant. Je vous laisse imaginer ce qui se serait passé pour vous si vous n’aviez remboursé que de 40% des traites de votre crédit hypothécaire le mois dernier. Mais ça n’est pas grave, puisque nous ne sommes de toute façon moins égaux que les autres. Surtout moins égaux qu’Evergrande.

 

Jeudi les marchés étaient même en hausse et la semaine aura été timidement positive. Les experts justifient le rebond par le fait que le soutien des banques centrales et des gouvernements reste encore trop fort après la pandémie, pour que les bourses mondiales s’effondrent aussi facilement.

 

Les prix de l'immobilier s'envolent dans le monde entier. Les chaînes d'approvisionnement sont soumises à une pression intense. Les marchés du travail ne sont pas dans l'état le plus sain. Le virus continue de faire des ravages dans certaines économies.

 

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Mais les marchés boursiers sont toujours en ébullition.

 

Les marchés peuvent rester irrationnels plus longtemps que vous ne pouvez rester solvable. Surtout, ils sont encouragés à le faire lorsque les autorités monétaires et fiscales se montrent encore complaisantes.

 

Alors que plusieurs banques centrales commencent à parler d'un relèvement progressif des taux d'intérêt (la FED le laissait encore entendre mercredi dernier) et d'une réduction de leurs achats d'obligations, la Banque Centrale chinoise roulait encore des mécaniques la semaine dernière avec des injections nettes de liquidités. Alors que le Wall Street Journal rapportait que les gouvernements locaux chinois avaient reçu l'ordre de se préparer à la faillite d'Evergrande.

 

Ceci aurait dû nous faire peur. Mais en fait non.

 

On pourrait dire que certains considèrent que c'est une bonne nouvelle, car cela signifie que la Chine est proactive.  Mais il en va de même pour le "sauvetage" de l'entreprise par sa scission en trois et sa nationalisation, une autre histoire qui circule, qui implique des pertes pour les détenteurs d'obligations et d'actions, et un nouveau modèle économique.

 

On s’interroge aussi sur le manque d'informations en provenance de Chine jeudi dernier concernant la solvabilité d'Evergrande. Ceci aurait-il été un signe de mauvais augure ? Apparemment non.

 

Le problème c’est que personne ne semble détenir de la dette Evergrande à l’extérieur de la Chine, ce qui rassurait un peu les marchés. Les gens qui perdraient de l’argent ne seraient donc pas en Occident et les conséquences d’une faillite généralisée ne serait pas trop problématique en dehors des frontières. Et même si cela pourrait avoir des conséquences sur le ralentissement économique en Chine (Evergrande représente quand même plus ou moins 3 millions d’emplois directement ou indirectement), le marché s’en fout comme de sa première chemise. C’est en tous les cas le sentiment que cela donnait vendredi soir.

 

Alors, les marchés profitent-ils d'un sursis à court terme avant que la réalité ne les frappe ?

 

Restons calmes.

 

Certains experts ont déclaré vendredi que même si des risques de correction à court terme subsistaient, une défaillance et une liquidation désordonnée d'Evergrande étaient peu probables.

 

Les craintes qu'Evergrande ne provoque un "moment Lehman" mondial se sont dissipées, mais nous pourrions encore observer une plus grande volatilité au cours du prochain mois (eh oui, le mois d’octobre, le deuxième pire-mois de l’année). Il pourrait y avoir d'autres mauvaises nouvelles concernant Evergrande avant qu'une restructuration ne se produise. Nous ne sommes donc pas à l’abri et il va falloir s’accrocher au bastingage.

 

Xi-Jinping & Co à la rescousse

 

Bien que les autorités chinoises "veuillent donner une leçon aux promoteurs immobiliers et aux investisseurs" sur les dangers d'un endettement excessif, il est peu probable qu'elles laissent l'échec d'Evergrande se transformer en une crise majeure du crédit qui entraînerait d'autres promoteurs immobiliers et finirait par faire s'effondrer le secteur immobilier et l'économie.

 

On peut donc trouver 4 raisons que la catastrophe ne se produise pas :

 

  • Le gouvernement chinois ne peut pas permettre un effondrement des prix de l'immobilier, car cela détruirait une grande partie de la richesse des ménages chinois.

 

  • Un effondrement de l'économie et du secteur immobilier chinois à la suite de la pandémie pourrait déclencher une vague de troubles sociaux.

 

  • Un effondrement de la construction immobilière serait contraire à la volonté du gouvernement de rendre les logements plus abordables.

 

  • Les autorités chinoises ont vu les dégâts causés par la faillite de Lehman Brothers lors de la crise financière mondiale, et elles "en auront tiré les leçons".

 

La « semi-résolution" des paiements de la dette d'Evergrande dus jeudi dernier, et le calme relatif sur les marchés de la dette de la Chine par la suite, étaient des "signes possibles" que les autorités travaillaient à une restructuration. En tout cas, cela a suffi pour que les craintes d'Evergrande s'apaisent en fin de semaine.

 

Prenons un peu de recul

 

Au début de la semaine dernière, certains analystes basés à Hong Kong étaient parmi ceux qui disaient que les problèmes d'Evergrande avaient peu de chances de se transformer en un événement de type Lehman.

 

Ils estiment que les autorités chinoises surveillaient la situation d'Evergrande depuis des mois. Tant mieux et content de le savoir.

 

L'exposition du système bancaire au secteur immobilier a diminué régulièrement depuis la campagne de désendettement du gouvernement chinois il y a cinq ans, les prêts au secteur immobilier passant de 37 % en 2016 à 26 % en 2021.

 

Selon eux, les risques seraient plus élevés en cas de correction des prix de l'immobilier qui se répercuterait sur d'autres secteurs de l'économie chinoise. Selon Reuters, Evergrande avait 800 projets en cours de construction. Parmi ceux-ci, 500 ont été suspendus et 300 autres projets risquent d'être suspendus en raison du manque de fonds pour payer les fournisseurs et les travailleurs.

 

Le scénario de base de ce qui pourrait se passer en Chine est un ralentissement visible du marché immobilier au cours des deux prochains trimestres, avec un ralentissement des investissements immobiliers vers 0 %. Et, compte tenu de l'affaiblissement des investissements, il pourrait y avoir des retombées dans d'autres secteurs. L'acier, le ciment et d'autres matériaux de construction seraient touchés par le refroidissement du secteur immobilier chinois.

 

N’oublions pas qu’en Chine, le secteur de la construction représente directement près de la moitié de la consommation totale d'acier.

 

On peut donc s’attendre à des retombées sur les importations de produits de base, étant donné que le secteur immobilier - ainsi que les investissements dans les infrastructures - consomme une grande partie des produits de base importés. Les craintes d’un défaut à court terme semblent un peu s’éloigner, alors que les craintes qui pourraient peser sur la croissance chinoise, pourraient devenir plus importantes à moyen terme. Mais comme notre vision de l’avenir reste à très court terme… On se contente de ça.

 

Graphique du S&P500 – Source : Tradingview.com

 

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On aura survécu à septembre

 

Il n’est nul besoin d’avoir fait de grandes études de finance pour savoir que les deux mois les pires en termes de performances boursières, sont le mois de septembre et le mois d’octobre. Bien que, comme disait Mark Twain : « Octobre est un mois particulièrement dangereux pour spéculer en bourse. Mais il y en a d'autres : juillet, janvier, septembre, avril, novembre, mai, mars, juin, décembre, août et février. » - ce qui remet clairement l’église au milieu du village.

 

Cependant, cette année 2021 qui aura été (jusqu’à maintenant) exceptionnelle, les intervenants ont vu arriver cette période avec une méfiance exacerbée et une angoisse qui prenait aux tripes. Si l’on avait pris le temps de sonder le marché et de demander l’avis à tout un chacun, nous aurions pu constater que personne n’avait un appétit au risque démesuré et que le mot « méfiance » était souvent utilisé pour décrire ce que l’on attendait de ces deux mois boursiers qui symboliseront également le passage de l’été à l’automne.

 

Mentir la réputation

 

Si le mois de septembre a fait mentir sa réputation durant les premières semaines, la fin aura été plus ou moins chaotique avec une multitude de doutes et de dangers qui se sont abattus sur nos têtes. Pour résumer la chose, il suffirait de cumuler les mots : tapering, Fed, Powell, plafond de la dette et Evergrande pour comprendre que nos peurs les plus tenaces avaient raison d’être.

 

Depuis quelques semaines nous sentions venir le couperet au sujet du « tapering » - ce mot anglais qui signifie que les banques centrales vont progressivement réduire le soutien aux économies et aux bourses mondiales, aura largement fait son office. Et surtout sur nos psychés, puisque l’on se demande si l’on doit se trouver heureux de voir la banque centrale américaine retirer notre béquille, parce que l’économie va mieux. Ou est-ce que l’on doit se montrer méfiant parce que nous n’aurons – justement – plus de béquille et que l’on se demande si les marchés pourront encore monter après cela.

 

Tapering et plafond

 

Après avoir posé le « tapering » comme premier doute de ce début d’automne, doute qui aura été confirmé par les déclarations sans goûts et sans saveur de Jerome Powell, patron de la FED, qui a annoncé qu’il pourrait retirer le soutien « bientôt » si tout se passait bien. Vous noterez Ô combien cela est précis et détaillé. Pour faire suite à cela nous avons aussi eu droit à la fameuse thématique quasi-annuelle du plafond de la dette. Thématique qui consiste à crier au loup pendant plusieurs semaines avant de trouver un accord politique de dernière minute à Washington.

 

Graphique du DAX – Source : Tradingview.com

 

Pour résumer le concept, on sait que le gouvernement américain vit à crédit et qu’il doit émettre des obligations tous les mois pour pouvoir subvenir à ses besoins gargantuesques et délirants. Sauf qu’une loi américaine empêche le gouvernement de faire n’importe quoi et de s’endetter plus que de raison. Chaque année on augmente la limite de crédit après des heures de négociations entre démocrates et républicains et chaque année on s’en sort à la dernière seconde. Jusqu’à la prochaine. Comme chaque année, on nous dit que cette année ça ne sera pas pareil et comme à chaque fois, on devrait trouver une solution. Il y a intérêt sinon c’est les USA qui seraient défaut de paiement et je vous laisse imaginer les dégâts que cela pourrait engendrer sur l’économie mondiale.

 

Conclusion

 

Économie mondiale qui est encore convalescente du COVID et tente de gérer la crise chinoise qui est en train d’exploser tous azimuts actuellement. Entre le gouvernement qui serre les boulons et qui vient de se souvenir qu’il est communiste et pas capitaliste. Avec en prime, le géant de l’immobilier local, Evergrand, qui est au bord du dépôt de bilan, ce qui laisserait une dette latente de 300 milliards de dollars à la louche. Vous avouerez qu’il y a de quoi se sentir angoissé à l’approche du mois d’octobre.

 

Pour le moment, malgré la tempête, on s’accroche au bastingage et on attend avec impatience l’arrivée du mois de novembre avec la perspective d’une mer plus calme. Mais aussi pour que l’on puisse enfin parler du « rallye de Noël » qui lui aussi, a son importance historique. Pour terminer cette semaine, Powell a donc rassuré mardi dernier, tout en se montrant moins « dovish » que d’habitude et les bourses mondiales s’en sont encore une fois bien sorties. Ce qui n’était pas forcément évident il y a encore 6 jours.

 

Qu’attendre de la semaine ?

 

La semaine à venir sera placée sous le signe de « on prend les mêmes et on recommence ». Evergrande sera présent, Lagarde parlera, le GDP américain sera publié en cours de semaine et on va se demander ce qui va bien pouvoir se passer avec l’arrivée du mois d’octobre qui va nous mener inexorablement en direction d’Halloween.

 

Passez une bonne semaine et à lundi prochain.

 

Thomas Veillet

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