Vous cherchez à estimer le rapport qualité prix d’une action ?
Dans ce cas, j’ai une énigme pour vous :
L’entreprise A et l’entreprise B émettent 100 actions chacune.
L’action de A cote à 100 €.
L’action de B cote à 200 €.
Pourtant, l’action B est moins chère que la A.
Comment est-ce possible ?
La réponse est simple
C’est simplement que le rapport qualité prix d’une action ne se base pas sur le prix.
Autrement dit, le prix que vous payez ne vous dit strictement rien sur la véritable qualité du business.
Une action à 10 $ peut être, en fait, une bien plus mauvaise affaire qu’une action à 500 $.
Pire, le marché ne se gênera pas une seconde pour vous faire payer une fortune pour de la bouse de vache.
Tout dépend du nombre d’actions qui existent sur le marché et de la situation générale de l’entreprise.
Et justement, pour mieux prendre en compte la situation réelle d’une boîte, par rapport à son prix en bourse, les grands cerveaux de la finance ont inventé le P/E ratio.
Un nom barbare, mais d’une grande utilité pour connaître le rapport qualité-prix d’une action
Le P/E ratio (price-to-earning ratio) est aussi appelé PER (price earning ratio).
Derrière ces acronymes imbitables se cache, en fait, une idée relativement simple.
Sachez que les spécialistes de la finance aiment bien inventer des mots compliqués pour avoir l’air compétents.
Mais ce n’est qu’une ruse pour cacher le fait qu’ils essaient d’acheter bas et de vendre haut, comme tout le monde.
Donc ne paniquez pas, je vous explique tout ça
Pour savoir si une action a un bon rapport qualité prix ou si elle est trop chère, il faut comparer son prix à la bourse aux bénéfices de l’entreprise qui l’a émise.
Quand on y pense, c’est logique !
On ne paierait pas beaucoup pour les actions d’une entreprise qui perd de l’argent chaque année.
À l’inverse, on serait prêt à mettre une grosse somme sur la table pour acheter les actions de son concurrent qui dégage d’énormes bénéfices et ne sait plus quoi faire de son argent.
On a donc eu l’idée de rapporter la capitalisation des entreprises, c’est-à-dire la valeur additionnée de toutes les actions de la société, aux bénéfices pour estimer plus objectivement le rapport qualité-prix d’une action.
La calcul est simple :
Capitalisation boursière ÷ Bénéfice Net Annuel
Plus le P/E est bas, plus le « rapport qualité-prix » est bon.
Simple comme bonjour !
Et c’est là que nous trouvons la réponse à notre énigme.
Attention, il y a quelques chiffres.
La société A cote à 100 $ par action et a généré un bénéfice de 1 000 $ cette année.
Calcul du P/E : 100 $ X 100 actions émises ÷ 1 000 $ = 10
La société B cote à 200 $ par action et a une bénéfice de 10 000 € cette année.
Calcul du P/E : 200 $ X 100 actions émises ÷ 10 000 $ = 2
La société A a donc un P/E de 10 alors que la société B a un P/E de seulement 2 !
Cette dernière est donc bien meilleur marché.
Calculer le P/E, c’est se demander combien je suis prêt à payer pour chaque $ que gagne l’entreprise aujourd’hui ?
Pour présenter les choses autrement, si j’achète maintenant une action dans la société B, il ne faudra que 2 ans pour que les bénéfices de l’entreprise remboursent mon investissement, alors qu’il faudra 10 ans si j’achète une action de la société A.
Si cela vous paraît trop compliqué, ne vous inquiétez pas.
De nombreux sites (TradingView sur l’image) font ce calcul pour vous et vous n’avez pas besoin de le maîtriser sur le bout des doigts pour investir.
Connaître son existence et comprendre son utilité est néanmoins toujours une bonne chose.
Le P/E est loin d’être parfait
Malheureusement, dans la vie, rien n’est jamais complètement mécanique.
Il ne suffit donc pas d’acheter bêtement les actions qui ont les P/E les plus bas pour être sur d’avoir le meilleur rapport qualité prix et potentiellement faire fortune.
Plusieurs éléments viennent, en effet, brouiller les pistes.
La croissance attendue des bénéfices de l’entreprise a une influence sur le P/E
Plus on attend de la croissance de la part d’une entreprise, plus elle aura un P/E élevé.
Pourquoi ? Tout simplement parce que cela signifie que les bénéfices de cette année ne reflètent pas ceux des années suivantes.
Les investisseurs voient loin et ils sont d’accord de payer plus cher pour une entreprise s’ils savent que ce n’est qu’une question de temps avant que les bénéfices augmentent.
C’est pour ça qu’une entreprise florissante comme iRobot a un P/E au-dessus de 30.
La croissance future est déjà intégrée dans le prix !
À l’inverse, les fabricants de voiture ont le plus souvent des P/E compris entre 5 et 10, car on sait qu’elles ne vont plus beaucoup grandir.
Mais évidemment, ce n’est pas parce que Peugeot à un P/E moins élevé qu’Activision qu’il faut se ruer sur Peugeot.
En fait, leurs circonstances sont trop différentes pour qu’il soit même pertinent de les comparer.
C’est pour cette raison qu’on préfère souvent mettre face à face les P/E au sein d’une même industrie.
Ainsi, on compare les fabricants de voiture avec les fabricants de voiture et les fabricants de robots avec les fabricants de robots.
Quid des entreprises qui ne font pas de bénéfices ?
C’est une question d’autant plus importante que beaucoup de géants boursiers ne sont pas encore bénéficiaires.
Les investisseurs attendent tellement de croissance qu’ils sont prêts à payer extrêmement cher une action qui perd de l’argent.
Vous vous dites peut-être qu’on vit dans un monde de fou et vous auriez peut-être raison.
Mais il faut garder à l’esprit que ces entreprises, qui ne font pas de bénéfices, réinvestissent leur chiffre d’affaires dans le déploiement de leur business model.
Le jour où elles auront conquis tous les marchés qu’elles visent, d’énormes montants, jusqu’ici consacrés au développement, seront débloqués pour retourner dans la poche des actionnaires.
Cela n’est donc pas si dingue.
Le PEG
Le PEG (price/earnings to growth ratio) est encore un peu plus fin pour mesurer la valeur d’une action.
Popularisée par Peter Lynch, cette mesure ajoute la notion de croissance attendue au P/E.
Pour l’obtenir, il suffit de diviser le P/E par le taux de croissance anticipé de l’entreprise.
On dit souvent que si le résultat est en-dessous de 1 alors c’est une bonne affaire.
Comme le P/E, le PEG est un outil particulièrement utile et qui a fait ses preuves.
Néanmoins, en utilisant ces indicateurs gardez à l’esprit qu’ils ont leurs limites et qu’ils doivent être utilisés en conjonction avec d’autres critères.
Vous savez maintenant comment estimer le rapport qualité prix d’une action.
C’est à vous de jouer