Elles avalent l'épargne des petits porteurs
Chers investisseurs, chers futurs investisseurs,
Le cours d’une action a une importance capitale. On en a parlé dans ma dernière lettre : pour l’économie, mais aussi stratégiquement pour l’entreprise.
Un cours haut, je vous le rappelle, ça donne :
Plus de puissance pour mettre en œuvre une politique d’acquisition ;
La possibilité de lever davantage de capitaux si besoin ;
Une menace plus faible de se faire croquer par un concurrent.
Les dirigeants d’une entreprise partagent donc le même intérêt que nous : la hausse du cours. Ce ne sont pas des affreux capitalistes qui essaient de nous tondre.
Quelques précautions cependant.
Je m’adresse aux chasseurs de coquilles vides
Chasseurs de coquilles vides, attention ! Je vous connais bien...car j’en suis moi-même un.
Enfin...je l’ai été.
Plus jeune, j’adorais chasser les coquilles vides. Les appeler comme ça est peut-être un peu excessif… plus généralement, ce sont des entreprises en difficulté :
Dont le cours a beaucoup baissé ;
Ou qui sont proches d’une catastrophe (faillite, restructuration…) ;
Ou qui sont très faiblement valorisées sur le marché boursier.
Ce type d’investissement porte un nom : Value.
Et comme les cours sont bas, c’est tentant d’acheter une action à 2 € quand, par le passé, elle a coté 100 €. Cela peut parfois être très rémunérateur : lorsqu’une coquille vide rebondit, ça ne fait pas semblant.
Attention aux trappes à actionnaires
Sur ces valeurs, plus que sur n’importe quelles autres, le temps a une valeur inestimable. Et on aime parier dessus pour augmenter notre épargne.
Je m’explique.
Sur une entreprise qui a un cours bas, et donc qui est dévalorisée, le cours devra remonter dans les quelques mois qui suivent votre pari.
Pourquoi ?
Tout simplement parce que sur une value, le temps joue contre vous.
Lorsque vous achetez des titres avec cette approche contrarienne, fixez-vous un horizon de temps. Cette limite sera votre seul repère qui déterminera si vous avez en portefeuille une action en pleine renaissance…ou une tondeuse…
Une spirale qui s'auto-entretient
C’est le genre de sociétés en bourse qui ont couté leur épargne à des milliers de français. Ces eurotunnel, Alcatel-Lucent, tech’ des années 2000 et j’en passe.
Pour mieux comprendre, la trappe à actionnaires est intimement liée à la problématique d’un cours de bourse bas.
Pour les raisons évoquées plus haut, une société dont le cours est bas a perdu sa compétitivité en bourse, mais aussi sur son marché face à ses concurrents. Et elle l’est d’autant plus que le cours est bas depuis longtemps.
C’est une spirale infernale qui s'auto-entretient.
La boite est peu valorisée sur le marché car elle est en difficulté. Et elle est aussi en difficulté parce que son cours est bas.
L’exemple des levées de capitaux
Le temps joue contre vous : c’est exactement ce qu’il se passe lorsqu'une action évolue à un prix durablement bas.
Plus le temps passe, et plus le risque d’augmentation de capital (pour financer sa dette ou se restructurer) est importante. L’entreprise émet de nouveaux titres. Le nombre total de titres total augmente.
Et comme la capitalisation boursière est égale au nombre de titres multiplié par le prix… il faut que le cours baisse mécaniquement pour retrouver la même capitalisation.
Trappe.
L’exemple Technicolor pour illustrer
Technicolor est une bonne illustration de la trappe à actionnaire. De la trappe à épargne.
Une valeur décotée. Une entreprise en difficulté. Des opérations financières successives (augmentations de capital, restructurations).
Et un cours qui s’érode au fil du temps…
Mon travail est d’éviter ce genre de trappe à épargne… Ou d’en sortir le plus vite possible.
Sans faire une croix sur ce type d’investissement qui, je le rappelle, est très rentable lorsqu’il est bien fait.
Les crises, comme celle que nous traversons, sont des “générateurs” à trappes à actionnaires ou à épargne.
Il faut redoubler de vigilance.
À très vite.