Une jolie correction boursière ! Il n’est jamais simple de « commenter » une semaine boursière quand il vient de se passer ce qu’il s’est passé. Je ne vais pas vous dire qu’on nous avait prévenu comme certains le chantent sur tous les toits depuis une semaine. Soyez certains que ceux qui vous bourrent le crâne avec leurs « on vous l’avait dit » ou « on vous avait prévenu », le font systématiquement depuis 5 ans au minimum. Il est clair qu’à force de sonner l’alarme tous les jours pendant 5 ans, on finit toujours par avoir raison. Et oui, c’est un fait, tout comme les arbres les marchés ne montent pas au ciel et par moment, ils baissent. Cependant, il est vrai qu’il est assez rare de les voir baisser aussi rapidement. Pas loin de 15% en quelques séances, autant dire que selon comment on regarde la chose, c’est la baisse la plus rapide de l’histoire. Je n’ai pas vérifié, pas contrôlé, mais il semblerait surtout que la presse adore les gros titres racoleurs et quand ça baisse, il y a des « experts » en finance qui entrent dans une transe limite orgasmique et trouvent que ce genre de titre claque tout de même mieux et est plus vendeur que « semaine de correction sur les bourses mondiales ». Nous allons revenir sur le sujet tout au long de ce billet, mais ce qu’il faut tout de même retenir c’est que la plantée la plus rapide de l’histoire est principalement due à l’épidémie de Coronavirus ou COVID19 qui nous occupe en ce moment. Nous sommes officiellement entrés en phase de correction sur les bourses mondiales, et pour le reste, nous sommes aussi entrés officiellement en phase d’hystérie collective un peu partout sur la planète. Quoique visiblement pas partout, puisque pendant que les Suisses annulaient le salon de l’Auto à Genève, les Indonésiens proposait 50% de rabais sur les billets d’avion pour ceux qui ont envie d’aller visiter leur pays. Deux mentalités, deux cultures et pas la même perception du risque ou du danger. Donc on peut prendre la chose comme on veut, on peut interpréter les chiffres comme on a envie. On peut expliquer par A+B que les chiffres de cette épidémie sont dérisoires par rapport à d’autres maladies bien plus connues, que la mortalité n’est pas si « énorme » que ça, la peur est là et on préfère clairement voir le verre à moitié vide qu’à moitié plein. C’est d’ailleurs assez typique de l’investisseur moyen et même de l’investisseur tout court. On aime bien se faire peur et on préfère nettement s’extasier sur les 2800 morts dû au Coronavirus que de constater que sur les presque 90'000 personnes contaminées, déjà 40'000 sont guéries. Il est vrai que c’est moins vendeur. Au-delà de la peur du virus, il faut aussi noter que l’économie mondiale a pris conscience lundi que si l’on fermait la plupart des usines chinoises pendant trop longtemps, il y a pas mal de chaines de productions qui allaient être mises à mal. Apple nous l’avait déjà annoncé une semaine avant, mais visiblement, en ce temps-là, tout le monde s’en fichait éperdument. Entre le profit warning d’Apple et la « prise de conscience » des marchés, il se sera donc écoulé une semaine et il aura fallu que le FMI et le CDC nous mettent en garde pour que les conditions soient réunies pour que l’on rentre en mode « Sauve qui peut, mon portefeuille d’abord et les enfants après. » L’addition de la semaine aura été sanglante. Nous sommes clairement en baisse non seulement sur la semaine, mais aussi depuis le début de l’année et certains indices comme le DAX ou le Dow Jones sont même en baisse pour les 12 derniers mois. Le Coronavirus semble clairement plus destructeur pour les bourses mondiales que pour l’être humain. Le bilan de la destruction de capitalisation boursière en une semaine est énorme. Rien que Microsoft et Apple ont effacé près de 500 milliards en 5 jours. 500 milliards que l’on avait mis des mois à « gagner ». Vous pourrez sûrement le lire un peu partout ces prochains jours ; nous sommes entrés en phase de « correction ». Alors pourquoi maintenant ? En fait, dans le jargon financier, on aime bien se fixer des limites et des points chiffrés qui font que ça change tout. Un peu comme les dates de péremption sur les boîtes de conserve. On sait qu’on peut les manger jusqu’au 31 octobre, mais dès le premier novembre, c’est mort. On peut se demander ce qui se passe dans la boîte le 31 à minuit, on ne le saura jamais, mais ce que le on sait, c’est que le flageolet est bon à manger, mais que soudainement, à une heure très précise, il mute et devient immangeable. C’est pareil pour les bourses et les indices. Le point de départ c’est le point le plus haut. Si votre indice a touché 10'000 au plus haut et qu’il commence à baisser, les 9.99% premier pourcents sont considérés comme une simple baisse. Mais dès que l’on passe les 10% de baisse, là ça se gâte et ça devient une CORRECTION. À ce moment-là, en général, on commence à paniquer. Mais il y encore de l’espoir, parce que la « zone de correction » est aussi de 10%. Entre 10 et 20% de baisse, ce n’est qu’une correction. Mais dès 20%, c’est l’heure d’entrer dans un « Bear Market ». Nous n’y sommes pas encore, bien que l’on nous le prédise régulièrement depuis une semaine. Sur le graphique ci-dessous, les zones précitées sont clairement établies. Graphique du S&P500 – Zones de correction et de bear market – source Investing.com Telle est la question. Devons-nous paniquer et courir en direction de la sortie sans plus jamais envisager d’investir dans les actions ? Ou devons-nous simplement rester calmes et patients et attendre que ça passe ? Une chose est plus que certaine, à mon sens, c’est que les corrections, les Bear Market et les krachs boursiers finissent toujours par passer. Comme les épidémies. Si vous êtes convaincus que le Coronavirus va décimer toute la planète et que nous allons disparaitre comme les dinosaures alors oui, vous devez tout vendre et ne plus jamais investir dans les actions de votre vie. Vie qui va de toute façon se terminer bientôt si vos convictions de fin du monde se réalisent. En revanche, si l’on applique le principe d’investir régulièrement et de ne pas écouter le « bruit » fait par les marchés, nous devons simplement continuer à faire ce que l’on avait prévu de faire AVANT le Coronavirus et c’est d’ailleurs ce que nous ferons APRÈS le Coronavirus. Si l’on part du principe que l’on a une liste d’actions qui nous conviennent dans notre portefeuille et que l’on y croit toujours, vous devez simplement continuer à investir régulièrement dans ces mêmes actions, ça s’appelle : MOYENNER. Si vous vous rappelez ce qui s’est passé fin 2018 – la précédente crise de fin du monde – il suffisait d’appliquer son plan de marche. En ce qui me concerne dès que le peux, j’augmente mes positions préférées et je m’assois dessus jusqu’à nouvel ordre. La crise qui nous occupe va clairement entamer la croissance mondiale et la croissance chinoise en particulier. La question que l’on doit se poser, c’est de savoir ce qui est déjà dans les prix. Une fois que le Coronavirus sera derrière nous, l’économie va reprendre comme avant et la vie reprendra ses droits. La croissance aussi et les gens retourneront dans les Apple Stores parce que « quand même, cet iPhone 10, il est has been ». Il faudrait donc commencer par prendre un peu de temps pour soi, respirer et se déconnecter de CNBC ou de BFM-TV qui sont devenus bien plus dangereux que n’importe quel virus de la grippe. En dehors du ralentissement économique qui nous attend, il est également important de se poser des questions avec un peu plus de recul. Prenons par exemples les Etats-Unis, ils sont dans une année électorale. Croyez-vous sincèrement que Trump peut se permettre de rentrer dans la dernière ligne droite de sa présidence avec un marché et une économie exsangue ? Lui qui a construit sa présidence par son soutien à Wall Street et qui fait « cocorico » partout sur Twitter chaque fois que les marchés battent des records. Trump va tout faire pour empêcher le marasme boursier, il ne peut tout simplement pas se le permettre. Et que faire d’autre pour empêcher cela si ce n’est en secouant la FED ? Les Chinois l’ont bien compris. Depuis le début de la crise, ils ont baissé les taux, injecté des liquidités et soutenu les marchés. Il ne serait même pas étonnant que Powell débarque la semaine prochaine pour tenter de rassurer tout le monde et de laisser entendre qu’il pourrait baisser les taux lors du prochain meeting de la FED agendé pour le 17-18 mars. Parce que lui, il peut encore largement baisser les taux. Très largement. Vendredi dernier nous avons été très bas – au même niveau que lorsque l’on croyait que les Chinois et les Américains ne trouveraient pas d’accord commercial. Puis l’indice a rebondi massivement. Cette configuration de « renversement », laisse présager que la semaine qui nous attend pourrait être bien moins catastrophique que celle que l’on vient de terminer. Le S&P500 est passé sous sa moyenne mobile des 200 jours, ce qui est assez peu fréquent pour être signaler. Ça ne veut pas dire que tout est réglé, en fonction des nouvelles qui vont tomber encore et encore sur le virus, il peut y avoir encore des extensions à la baisse, mais disons que l’on a l’air de commencer à construire quelque chose de pas trop mal. Sans compter que, même Goldman Sachs qui est très négatif avec cette histoire de coronavirus, même eux, pensent que le marché va se reprendre et que ce « creux économique » ne sera que temporaire et que l’indice américain devrait être de retour à 3400 pour la fin de l’année. Ne perdons donc pas courage et continuons de nous détacher de tout ce bruit. On reparlera de tout cela au fur et à mesure des semaines à venir. Je serais tenté de dire : un rebond. Mais une chose est claire, nous allons rester scotché sur la thématique du Coronavirus. La plupart des pays du monde prennent des mesures, les rassemblements de plus 1000 personnes commencent à être très mal vus. En Suisse, le gouvernement les a carrément interdits. On se réjouit d’ailleurs de voir la circulation dans les grandes villes maintenant que plus personne ne va prendre les transports publics. C’est Greta qui va râler. Quoi qu’il en soit, il y aura tout de même des chiffres économiques, mais je crois que nous serons clairement concentrés sur autre chose. Samedi 29 février, la Chine a présenté ses chiffres du PMI qui montrent une contraction de l’économie très violente, ce qui est sans surprise, néanmoins la contraction est pire qu’en 2008. On devrait donc en reparler dans les jours à venir, non sans oublier que bon nombre de ces mauvaises nouvelles sont déjà dans les prix. Essayons tout de même de rester serein et de tenter de penser un peu rationnellement ces prochains jours. Même si vous l’ignorez, la plupart des gens guérissent après avoir été infecté et l’épidémie montre des signes de faiblesse en Chine… Essayons de voir le verre à moitié plein, pour changer un peu. Passez une excellente semaine. Les titres qui claquent
Du sang sur les murs
Une jolie correction
C’est quoi une correction ?
Panic or not panic ?
Moyenner, moyenner et bouchez-vous les oreilles
La FED à la rescousse ?
Les chinois ont bien compris
Construire quelque chose
Qu’attendre de la semaine qui vient ? Une autre correction