Bear Market comme dans les années 30

Avec ce Bear Market, nous vivons des jours plus qu’étranges, les marchés américains viennent de vivre le pire mois de leur histoire. En tous les cas, presque aussi moche qu’en 1930. Enfin, en théorie parce que de nos jours il ne reste que peu de traders qui ont vécu cette époque. Et dans tous les cas, ils doivent être en confinement total pour éviter la contagion, faisant partie des personnes les plus exposées.

Ca n’est pas beau du tout et nous venons d’effacer 3 ans de performance en l’espace de quelques semaines. Pas simple de trouver de l’espoir dans les marchés boursiers alors que nous sommes complètement focalisés sur toutes les nouvelles liées au Coronavirus. (En gros sur toutes les mauvaises nouvelles). Oui, parce que depuis que nous sommes en phase de Bear market, nous avons choisi de nous concentrer uniquement sur le négatif. Le positif étant clairement « hors de propos » actuellement.

Pas besoin de faire la liste

Nous n’allons pas perdre de temps à évoquer la longue litanie des mauvaises nouvelles, puisque les chaînes de télé sont toutes passées expertes dans le calcul mondial des personnes infectées, décédées et sont surtout extrêmement douées pour ne pas donner le nombre de personnes qui ont guéri. Au risque de faire tourner l’état d’esprit des investisseurs.

Quoi qu’il en soit, on espère tous quelque part que le bilan épidémiologique italien va commencer à ralentir prochainement. Ce qui pourrait nous permettre de faire une extrapolation sur la suite de l’épidémie. En attendant, la semaine aura surtout été marquée par les mauvaises nouvelles. Les confinements un peu partout dans le monde, les frontières qui se ferment et les économies qui ralentissent.

Les causes du Bear Market

C’est surtout ce dernier point qui a fait souffrir les marchés. En effet, depuis une semaine les marchés ont commencé à comprendre ce que cela signifie lorsque les chaînes de productions sont à l’arrêt, les employés ne travaillent plus et ne peuvent plus sortir pour consommer. Sans compter les jobs qui seront perdus et les faillites inévitables de certaines PME. Cela va, à terme, coûter énormément d’argent à l’économie mondiale, mais aussi de point de croissance du PIB mondial. Estimer ces chiffres est à peu près aussi simple que de trouver la combinaison exacte du loto trois semaines de suite. Mais peu importe, chaque estimation si possible pire que la précédente aura eu pour but de diffuser la contagion sur les places boursières mondiales avec pour résultat, le bain de sang que l’on connait.

Médecine inefficace

Pourtant ce n’est pas faute d’avoir mis en place des stratégies de défenses économiques. Là aussi, aucun vaccin n’a été trouvé ! Mais les administrations financières font de leur mieux. Actuellement c’est à celui qui jettera le plus d’argent.

La FED lance un QE de 750 milliards et baisse les taux à zéro, la BCE. Après s’être ridiculisée il a 15 jours y va aussi de ses 750 milliards. Les Allemands prévoient même que le gouvernement pourrait prendre des participations dans des sociétés cotées en bourse. En gros on est même prêt à passer à la nationalisation pour sauver l’économie. Ça ne résout pas le problème des petites entreprises qui ne sont pas cotées en bourse mais c’est une autre histoire.

Le problème c’est qu’actuellement, toute intervention des gouvernements et/ou des banques centrales, à tendance à déclencher des paniques boursières. Des paniques, puisque selon les experts, si les banques et les politiques réagissent comme ça, c’est qu’ils paniquent aussi. Après, reste à savoir si les marchés boursiers sont encore dirigés par des humains ou s’ils sont tous en quarantaine.

Entre vous et moi, quand je vois comment les marchés bougent, je peine à croire qu’il n’y a que de l’humain là derrière. C’est clair que l’humain n’est peut-être pas la forme de vie la plus intelligente que l’on puisse trouver sur terre. Preuve en est la réaction de certains face au confinement. Mais disons que ces hausses et ces baisses quasi-verticales me laissent songeur quant à l’intervention humaine.

C’est le résultat qui compte

Mais peu importe, c’est le résultat qui compte. Quand on entend des gens comme Goldman Sachs qui viennent dire que le Coronavirus va amputer le PIB de 24%, on peut comprendre que les machines s’emballent. Que les humains collaborent ou pas, n’a pas vraiment d’importance. Au bilan final, nous sommes en baisse de 30% depuis le début de l’année. Nous sommes officiellement dans un Bear Market et vu que tout le monde est censé être confiné à la maison, on peut se demander qui pourra nous aider à inverser la tendance.

La bonne nouvelle viendra donc peut-être de l’Europe. Tout d’abord parce que c’est là que les courbes doivent s’aplatir en premier (les courbes de la contagion, pas celles des bourses). Le premier signe positif viendra de l’Italie et ce, dès que ça se calmera. En attendant, en toute fin de semaine, on a presque eu l’impression que le couteau qui tombait s’est arrêté en Europe. Les USA n’ont pas encore fait le nettoyage, mais il semblerait qu’il y ait un semblant d’amélioration dans la météo locale. Peut-être que la chasse à l’opportunité est ouverte. Ou en tous les cas, elle n’est pas loin de s’ouvrir.

Une semaine d’enfer (Merci le Bear Market)


Le problème, c’est que nous sommes tous plus ou moins convaincus que ça ne peut pas « durer », que quelque part par-là ou à plus ou moins 10%, on va finir par trouver un fond, un support, un espoir. Pourtant la semaine qui s’annonce nous dit que ce n’est pas encore gagné. Principalement parce que les chiffres que l’on s’empresse de nous annoncer comme s’ils étaient inscrits dans le marbre, telles les tables de la loi, ne cessent de nous terroriser et de nous mettre le doute.

Goldman Sachs pense que le PIB va être sabré de plus de 20% ces prochains et leur voisin de palier – Morgan Stanley – a fait bien mieux en donnant un 30% de baisse de PIB attendu. C’est la spirale à la prévision la plus catastrophique.


Le PIB pourrait chuter…

Mais attendez, ce n’est pas tout parce que Monsieur Bullard, qui est le patron de la FED de Saint-Louis et qui ne savait pas quoi faire de son dimanche après-midi, n’a rien trouvé de mieux que d’annoncer que selon lui ; le PIB pourrait chuter non pas de 25%, non pas de 30%, mais de 50% !!! C’est à celui qui aura le plus beau chiffre de PIB imaginaire.

Non, parce que soyez-en certains, ils n’en savent pas plus que vous. Il n’y pas le moindre calcul derrière ça, puisque tout le monde y va de son « estimation personnelle ». Lue dans le marc de café, la boule de cristal ou dans les intestins d’un poisson pêché ce week-end, allez savoir. Mais quoi qu’il en soit on peut être quasiment certain que l’estimation n’aura pas grand crédit sur le long terme. Puisque la seule chose que l’on sait, c’est que l’économie va ralentir. On ne sait pas et on ne peut pas savoir de combien, sachant qu’il manque bien trop de chiffres dans l’équation.

Les chiffres

À commencer pas combien de temps, combien d’emplois, combien de faillites, et combien de soutiens gouvernementaux. Aucun de ces chiffres n’est connu, on a aucune visibilité et tout le monde se permet de venir dire n’importe quoi histoire de se faire plaisir à la télé et de faire partie des « gens qui savent ». Les gens qui savent, c’est un groupe auquel ni vous ni moi n’appartenons. Un groupe qui sait toujours mieux que tout le monde, mais qui à la mémoire courte. Celui-ci peut se permettre de dire n’importe quoi au nom d’un avenir hypothétique en se basant sur des probabilités qui sont aussi faible que celle de trouver les chiffres du Loto toutes les semaines pendant 3 mois.

Tenez, vous voulez encore des chiffres : Mnuchin estime que le chômage aux USA pourrait augmenter de 20% au prochain trimestre. Mais Bullard fait mieux, pour lui ça sera 30% ! Qui dit mieux ? Rien ne va plus, faites vos jeux. En tous les cas, je vous donne un conseil ; si vous avez accès à CNBC d’une manière ou d’une autre, faites-vous inviter sur le plateau et annoncez un chômage à 50% pour dans 2 mois, vous n’aurez pas forcément raison, mais au moins on parlera de vous.

Autrement, à quoi ça ressemble ?

Dans l’environnement actuel, le seul truc qui parvient à attirer les foules et à intéresser le peuple, ce sont les chiffres qui font peur. Les théories qui font peur et les histoires qui empêchent de dormir. Les seules choses que l’on vous montre aujourd’hui c’est le comptage des contaminés et de gens qui meurent. Et si possible on vous montre aussi ceux qui meurent mais qui sont jeunes, ce qui est encore plus vendeur. Par contre personne ne cite jamais, ou presque, le nombre de personnes qui sont guéries car ça n’est pas assez vendeur. Tout ça pour vous dire que je dois vous parler des marchés et vous faire visualiser ce qui se passe.

Bear Market ou Bull Market

En général quand j’observe un graphique c’est pour y trouver un quelconque signal d’achat. Le problème, c’est qu’actuellement nous sommes au beau milieu d’une correction boursière majeure. Pour ne pas dire un Bear Market ! Non, parce que fondamentalement et techniquement nous sommes dans un Bear Market. Mais par conviction religieuse, moi qui vient du camp des Bulls, je peine à utiliser le mot « Bear Market ». Question de principe. Malheureusement, lorsque l’on observe un graphique dans cette typologie de marché, ça ne veut plus dire grand-chose.

La seule que l’on peut ressentir en observant un graphique actuellement, c’est la peur. La peur que ça ne s’arrête plus de baisser. Et c’est parfaitement compréhensible. La seule chose que l’on puisse dire aujourd’hui, vu que personne ne peut prédire l’avenir, c’est qu’à un moment où un autre, cette chute vertigineuse va s’arrêter et c’est à ce moment-là, que nous devrons avoir prévu le coup et qu’il faudra savoir sauter dedans sans perdre de temps.

Parce que la clé pour la suite, sera de ne pas rester déprimer trop longtemps. Ainsi que ne pas mettre deux ans pour y croire à nouveau. Une des rares choses que j’ai appris ces 30 dernières années passées derrière un écran Bloomberg. C’est que l’on guérit toujours plus vite que l’on veut bien le croire et que depuis que l’électronique, internet et même la blockchain (si ça peut vous faire plaisir) a pris le pouvoir, tout va plus vite.

Krach de 1929

Après le krach de 29 on a mis des années à s’en remettre – enfin, je dis « on » même si je n’étais pas dans le coup à l’époque – après la crise pétrolière des années 70, ce fût long aussi. 1987 un peu moins et puis ensuite tout s’est accéléré. Pas de raison que ça change aujourd’hui. Je suis personnellement très intrigué de voir ce qui va se passer lorsque les choses vont s’améliorer en Italie…

On peut partir sur deux hypothèses – soit ça ne veut plus rien dire parce que la volatilité a atteint des niveaux historiques ou hystériques, soit on va aller chercher les 2000 sur l’indice, juste pour faire le chiffre et qu’ensuite on remontera. Quoi qu’il en soit, c’est mission impossible de savoir où, quoi et comment tout cela va s’arrêter. Le coup de frein viendra probablement des gouvernements avec leurs multiples stimuli qui atteignent des niveaux records en l’espace de quelques jours.

Avec ce Bear Market, que faut-il attendre pour la semaine à venir ?

Quant à la conclusion habituelle de cette revue hebdomadaire : « Que faut-il attendre pour la semaine à venir ? » la réponse est toujours la même : des nouvelles liées au Coronavirus et à ses perspectives. Mais aussi des nouvelles de la part des gouvernements, surtout ceux qui pourraient avoir inventé un nouveau moyen de stimuler l’économie.

Et pour ceux qui auraient envie d’aller faire ce que l’on appelle du « bottom fishing » (pêcher dans les profondeurs). Pour mon rapport mensuel qui paraîtra le 5 avril, je vais vous proposer quelques titres que l’on pourrait acheter. Tout en y mettant des « stop loss » pour éviter trop de casse au cas où l’hémorragie venait à continuer. Je ne suis pas loin de penser que dans ce genre de crises, il est souvent urgent de ne rien faire. Cependant, si on veut faire quelque chose, il est indispensable de limiter les risques.

Très bonne semaine à tous.

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Bear Market

L’expression Bear Market (marché d’ours) est utilisée pour décrire un marché dans lequel les prix des actions baissent. On dit souvent qu’un Bear Market se confirme à partir de 20 % de chute par rapport à un plus haut.