Dassault Systèmes basé à Vélizy dans la périphérie de Paris compte désormais 270’000 clients à travers près de 140 pays. Parmi ceux-ci, plusieurs sociétés sont pionnières dans des domaines aussi variés que la robotique, l’énergie, les transports ou encore la santé. Elles sont parfois des leaders mondiaux ou des entreprises de taille moyenne, voire de petites entreprises ou des start-ups, ou encore des institutions gouvernementales et des instituts de formation.
Pour l'entreprise, la révolution numérique ne date pas d’hier. Le rôle clé de l’innovation dans le monde virtuel s’était magnifié il y a plus de 25 ans. Ceci, grâce à la décision du groupe aérospatial américain Boeing, de recourir à la technologie de la maquette numérique en trois dimensions (3D) de Dassault Systèmes pour la mise en œuvre de son nouveau modèle long courrier révolutionnaire de l’époque, le 777. Editeur de logiciels pour la conception d’objets en 3D, allant des systèmes de trains d’atterrissage des avions Airbus aux capsules pour l’Hyperloop d’Elon Musk, cette success story s’est aussi traduite par des gains très importants en bourse.
En dépit d’un exercice 2020 impacté par la crise de la Covid-19, l’action Dassault Systèmes offre une rentabilité de +3,9% jusqu’ici cette année, contre -8.8% pour le CAC 40. Cette hausse et cette surperformance peuvent-elles se poursuivre ? Tout semble concorder pour y répondre par l’affirmative.
A l’époque, son objectif principal était de développer des logiciels de modélisation de maquettes aérodynamiques en 3D, permettant de réduire les essais en soufflerie. Depuis, le modèle d’affaires de la société a beaucoup évolué. Aujourd’hui, Dassault Systèmes ambitionne d’être le catalyseur et le vecteur de la Renaissance de l’industrie du XXIème siècle, en mariant le réel et le virtuel. La société concrétise déjà cette ambition à plusieurs égards. Elle se mesure par d’éminents contrats pour ses logiciels de conception en 3D, à l’instar de celui portant sur un milliard de dollars, décroché avec Boeing en 2017.
Le modèle d’affaires de Dassault Systèmes s’inscrit dans le long terme et s’appuie sur un modèle financier solide, comportant une part importante de revenus récurrents, représentant 72% du chiffre d’affaires. Ceux-ci sont garants d’investissements importants en recherche et développement et en marketing, même lorsque l’environnement macroéconomique devient plus incertain. Le portefeuille d’applications logicielles 3Dexperience constitue la base du succès commercial du groupe et concentre les principaux investissements, tant en R&D qu’en marketing ou en acquisitions ciblées. L’offre d’applications logicielles 3Dexperience se compose d’applications de modélisation 3D, de simulation, de collaboration et d’intelligence de l’information. Dassault Systèmes se fixe pour objectif d’entretenir une offre de logiciels leaders sur leurs marchés respectifs et dont le rôle de chacun est d’apporter un maximum de valeur aux utilisateurs finaux.
Dassault Systèmes n’échappe pas bien évidemment pas au ralentissement causé par la crise sanitaire liée à la COVID-19. Mais ses perspectives long terme restent intactes. Une accélération est même envisageable au cours de ces prochaines mois, grâce à :
Au cœur du modèle d’affaires de Dassault Systèmes réside une volonté d’accompagnement des clients du groupe dans l’apprentissage continu et dans leur capacité d’innover, héritée de la culture de Dassault Aviation.
La recherche et le développement (R&D) est au cœur de la stratégie commerciale de Dassault Systèmes. Au 31 décembre 2019, les équipes de R&D du groupe comptaient plus de 7’500 personnes, soit près de 40% des salariés. L’augmentation de 26,4% par rapport à 2018 des effectifs dédiés à ce pôle s’explique principalement par l’intégration du personnel de la société Medidata, acquise la même année. En proportion du chiffre d’affaires, les dépenses en R&D de Dassault Systèmes se montaient à 18,4% pour l’exercice 2019. Sur un montant alloué total de €737,9 millions, Dassault Systèmes bénéficie aussi des subventions (organismes publics, crédits d’impôt recherche Français et autres) à hauteur de près de 4% de ses dépenses en R&D.
Afin de rester à la pointe du progrès dans son domaine d’activité, Dassault Systèmes est engagée dans des collaborations techniques et scientifiques de long terme, par exemple avec des universités renommées comme Harvard ou MIT, ainsi qu’avec des institutions de premier ordre comme l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (INRIA) ou l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM). À fin 2019, Dassault Systèmes disposait de plus de 600 inventions protégées, dont 48 nouvelles sur l’année 2019. Des brevets ont été délivrés dans un ou plusieurs pays pour 60 % de ces inventions, les autres étant en cours d’obtention. Afin de protéger sa propriété intellectuelle, Dassault Systèmes a adopté une politique de lutte contre le piratage allant de la régularisation d’utilisations illégales au déclenchement d’actions en justice.
Dassault Systèmes s’est forgé plusieurs moteurs de croissance de long terme :
De plus, son potentiel de déploiement dans d’autres sociétés reste important, compte tenu des étudiants en écoles d’ingénieurs qui en font l’apprentissage et qui demain composeront ou dirigeront des équipes de techniciens dans des entreprises prospectives potentielles. Dynamique, cette plateforme logicielle permet en outre à ses utilisateurs de gérer et de transformer leur activité de production, gage d’une excellence opérationnelle sur le long terme.
Les utilisateurs de Dassault Systèmes obtiennent également des réponses auprès de diverses communautés, échangent leur savoir-faire, organisent des webinaires et entretiennent des réseaux performants, garants d’une création de valeur « utilisateur » à long terme pour la société.
Dassault Systèmes a consacré 48% de son chiffre d’affaires réalisé 2019 à la vente et au marketing. Sa stratégie commerciale distingue onze secteurs d’activité, subdivisé en trois catégories économiques principales (industries manufacturières, sciences de la vie & santé, infrastructure & villes).
Le groupe génère environ 60% de son chiffre d’affaires à travers les ventes directes et 40 % à travers deux réseaux de vente indirecte. Dassault Systèmes cible les grandes entreprises et les entités gouvernementales par l’intermédiaire de son réseau de vente directe. Les petites et moyennes entreprises sont quant à elles ciblées à travers un réseau de vente indirecte, représentant 20% du chiffre d’affaires. Les 20% restant du chiffre d’affaires généré par le réseau de vente indirecte sont le fruit du marché grand public, englobant plus de 250’000 petites et moyennes entreprises au plan mondial. Ce dernier réseau est constitué de revendeurs et de distributeurs procurant aux clients formation, services et support.
Pour son développement commercial, Dassault Systèmes s’appuie sur une stratégie à trois niveaux :
Dassault Systèmes développe treize types de logiciels sous treize marques distinctes, s’appuyant sur sa plateforme logicielle 3Dexperience. Ils se déclinent en quatre catégories :
Dassault Systèmes gère sa présence mondiale à partir de douze territoires géographiques. Chaque centre régional joue un rôle moteur de développement et pilote le modèle d’engagement client pour chaque secteur d’activité.
Le groupe a développé une offre capable de répondre aux besoins de onze secteurs d’activité distincts, classés dans trois industries :
Les secteurs de la santé et des villes sont relativement nouveaux pour Dassault Systèmes, qui les identifie comme de nouveaux relais de croissance. Avec ces deux nouveaux relais de croissance, Dassault Systèmes a récemment fourni une nouvelle estimation de la taille de son marché adressable potentiel, qu’elle chiffre à $100 milliards par an, à une échéance que la direction ne précise pas, contre une estimation précédente de moins de la moitié : $41 milliards. La volonté affirmée du groupe de pénétrer de nouveaux marchés comme la santé, moins sensibles aux fluctuations du cycle économique, constitue une excellente nouvelle pour les investisseurs. En effet, traditionnellement, Dassault Systèmes était principalement exposé à des secteurs industriels plus classiques et cycliques comme l’aéronautique ou l’automobile.
Le rachat l’année dernière du groupe Medidata pour près de 6 milliards d’euros est emblématique d’une volonté perpétuelle de renouvellement et de pénétration de nouveaux marchés. Assistée d’intelligence artificielle, Medidata se profile comme un acteur central dans l’amélioration et l’accélération des études cliniques dans les différentes phases pour la commercialisation de nouveaux remèdes médicaux et de vaccins. Ses applications potentielles incluent également la médecine de précision et la médecine personnalisée. Medidata compte presque six millions de patients à travers le monde et comptabilise près de 20’000 essais cliniques. Cet acteur méconnu du secteur de la santé possède une technologie très convoitée. En effet, 40% des médicaments approuvés par l’Agence américaine des aliments et médicaments (FDA -Food and Drug Administration) l’ont utilisée entre 2017 et 2019. En outre, durant la crise actuelle du Covid-19, Medidata a été sollicité par des laboratoires comme Moderna pour ses études cliniques de vaccin en phase trois.
L’intérêt de Medidata pour Dassault Systèmes réside dans son degré de reconnaissance, car dans le monde, dix-huit des vingt plus grands laboratoires pharmaceutiques utilisent la technologie développée par Medidata. Cette acquisition comporte bien entendu des synergies, car la plateforme logicielle 3Dexperience de Dassault Systèmes augmente le potentiel de Medidata à de nombreux niveaux : découverte, développement, génération de connaissances, modélisation et fabrication.
Avec l’acquisition de Medidata, l’industrie des sciences de la vie et de la santé devient le deuxième plus important pour Dassault Systèmes en termes de chiffre d’affaires. Cette acquisition permet au groupe de se positionner à la pointe de la transformation numérique des sciences de la vie. Au total, Dassault Systèmes estime que plus de 1’400 clients et partenaires pourront accéder à ses données cloud issues du développement clinique et commercial de médicaments et de vaccins. Mais Dassault Systèmes vise également les villes pour son développement futur.
Le renforcement de la stabilité d’une ville nécessite une modélisation au-dessus de la surface, mais également au-dessous. A cela s’ajoute les défis engendrés par les changements climatiques et environnementaux, sans parler des défis rencontrés au niveau de la sécurité. Ainsi, Dassault Systèmes étend son offre logicielle de simulation des espaces pour les spécialistes de l’urbanisme, capables désormais d’optimiser davantage le fonctionnement des villes et leurs infrastructures. L’utilisation de scénarios 3D pour le façonnage virtuel des villes, en tirant parti des données dynamiques et de la technologie de l’internet des objets constitue un nouveau vecteur de croissance pour le groupe. C’est donc aux architectes et aux urbanistes que s’adressent les nouvelles fonctionnalités logicielles de la société.
L’environnement dans lequel Dassault Systèmes évolue est hautement concurrentiel. Néanmoins, la société continue de tirer son épingle du jeu, comme ses résultats financiers en témoignent, année après année.
Les concurrents de Dassault Systèmes sont des start-ups technologiques aux plus grandes sociétés technologiques et industrielles dans le monde. Ses concurrents historiques du secteur de la gestion de cycle de vie du produit (PLM) incluent Siemens, Autodesk et PTC. Dassault Systèmes est néanmoins le leader de ce secteur, avec une part de marché proche de 20%, juste devant Autodesk. Parmi les fournisseurs de simulation figurent Ansys, alors qu’Altair Engineering, et MSC Software concurrencent la multinationale dans les logiciels de simulation structurelle, des fluides, électromagnétique et multi-physique. Au niveau de son offre dans les logiciels de processus d’entreprise collaboratifs et d’opérations industrielles, Dassault Systèmes est également en concurrence avec Oracle et SAP. Enfin, dans le secteur des sciences de la vie, deuxième plus grand secteur d’activité du groupe après l’acquisition de Medidata, la concurrence est très fragmentée et nombreuse.
Si le cycle économique mondial venait à ralentir durablement dans le sillage de la crise sanitaire liée à la Covid-19, les affaires de Dassault Systèmes en souffriraient. En effet, dans ce cas de figure, ses clients seraient amenés à réduire, différer ou annuler leurs investissements. Ceci, pour une période indéfinie. Toutefois, la perspective de déploiement de différents vaccins au cours de ces prochains mois semble susceptible de réduire la matérialisation de ce risque.
Le autres risques à prendre en ligne de compte sont liés aux restrictions sur le commerce international, à la situation géopolitique ou encore au cyberterrorisme. Ce dernier risque est capable de nuire au bon fonctionnement des systèmes informatiques du groupe et de causer des retards ou des dommages importants aux activités de la société. En outre, des défauts, des erreurs ou des problèmes de performance dans les nouveaux logiciels ou fonctionnalités commercialisés par la multinationale pourraient nuire à son potentiel commercial et à son image. Enfin, les risques liés à la transition de l’offre commerciale de la société sur le mode SaaS / cloud ne peuvent pas être complètement écartés.
Dassault Systèmes présente des caractéristiques de croissance et de stabilité attrayantes pour tout investisseur long terme. Outre les caractéristiques discutées ci-dessus, la recommandation d’achat de l’action repose sur la capacité d’innovation que la société entretient et perpétue depuis près de 40 ans. De plus, elle constitue une preuve tangible que la société a toujours su s’adapter, développer de nouveaux marchés et se profiler en leader dans bon nombre d’entre eux. La progression de son cours de bourse constitue un témoignage concret d’une santé de fer pour ce fleuron du CAC 40.
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